Les dirigeants du PS s'affrontent... Mais pas sur la politique qui les a fait perdre16/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2024.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les dirigeants du PS s'affrontent... Mais pas sur la politique qui les a fait perdre

Il faut croire que les dirigeants du PS n'attendent absolument rien de bon des prochaines élections législatives pour que, sans même attendre celles-ci, le 17 juin prochain, ils s'entre-déchirent publiquement. Lorsque Royal, Hollande, Strauss-Kahn, leurs alliés respectifs et quelques autres, parlent de " préparer l'avenir ", cela veut dire mettre leur clan respectif en position de contrôler l'appareil du PS afin de postuler à la candidature pour la prochaine échéance de... 2012.

Hollande parle de " refonder un grand parti de la gauche ", Strauss-Kahn répond que c'est lui, Hollande, qui est " le principal responsable " de l'échec du PS. Royal annonce qu'il faut tout de suite désigner... la candidate des présidentielles de 2012, tandis que Fabius déplore un " spectacle désolant ". Aucun ne remet en cause la politique qu'ils ont menée d'abord ensemble au gouvernement et qu'ils se proposaient de mener de nouveau lors des dernières élections.

Leur fonds commun politique vient d'ailleurs de se trouver résumé dans le programme du PS pour les élections législatives, que le PS ose présenter comme " des réponses de gauche face à la droite ". Celui-ci ne comporte rien de nouveau par rapport au " pacte présidentiel " de Ségolène Royal, ou encore au programme précédent du PS. En dehors du verbiage reprenant régulièrement le mot " juste ", sur le fond on n'y trouve rien sur la défense des intérêts vitaux du monde du travail face au patronat. Certes, au slogan provocateur de Sarkozy et de l'UMP, " travailler plus pour gagner plus ", le PS oppose un " travailler mieux et travailler tous ". Mais aucune mesure précise ne vient l'appuyer.

Tous les dirigeants du Parti Socialiste savent que la fuite d'une partie de leur électorat vers la droite vient pour une part du désarroi des milieux populaires, à qui la politique menée par ces mêmes socialistes pendant les cinq ans de gouvernement de la gauche plurielle de 1997 à 2002 n'a offert aucune perspective.

Et ce ne sont pas les déclarations de Rocard avant le premier tour des présidentielles, proposant l'alliance avec Bayrou, ou celles de Strauss-Kahn réclamant, lui, d'approfondir le cours " social-démocrate " du PS, qui pouvaient répondre à ce désarroi. Hier au gouvernement et aujourd'hui dans l'opposition, le PS et ses alliés n'ont jamais mis en avant de mesures capables de s'en prendre au chômage de masse et de garantir le revenu des classes populaires. Car le PS sait que sa mission, comme celle de tous les partis de gouvernement, est de mettre en oeuvre la politique dictée par le grand patronat. Sur ce terrain, en tant que parti qui se veut responsable à l'égard des possédants, il n'a pas d'alternative, même si cela doit se traduire pour lui par une longue période de confinement dans l'opposition.

Le seul espoir du PS est que le souvenir de sa propre politique s'estompe avec le temps et que les électeurs, dégoûtés par la droite, lui confient à nouveau les rênes du pouvoir... le temps qu'il se déconsidère à nouveau. Ce jeu d'alternance entre droite et gauche s'étant répété dernièrement, dans la dernière période le " Tout sauf Sarkozy " tenait lieu de programme au PS. Le résultat des présidentielles montre que cela n'a pas suffi, et rien ne garantit que cela marchera mieux la prochaine fois.

Partager