Chirac et le clan Hariri : Une longue histoire d'intérêts réciproques16/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2024.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chirac et le clan Hariri : Une longue histoire d'intérêts réciproques

En parallèle avec la passation protocolaire des pouvoirs à Sarkozy, Chirac n'aura vraiment parlé avec celui-ci qu'à une occasion : lorsqu'il a tenu à lui présenter personnellement un de ses proches amis, Saad Hariri, fils et successeur politique de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, assassiné en 2005. Quelques jours auparavant, on avait appris qu'un de ses frères, Ayman, mettait à la disposition des Chirac l'appartement qu'il possède face à la Seine, quai Voltaire - un des endroits de Paris où les prix de l'immobilier atteignent des sommets.

Rafic Hariri avait fait fortune dans l'immobilier dans les années soixante-dix, en construisant des hôtels de luxe pour les princes saoudiens, puis des immeubles pour l'oligarchie financière de divers pays arabes, dont le Liban. C'est en 1982 que, associé avec une entreprise française, il a installé son siège social à Paris, étendant ensuite ses activités - et sa fortune - en investissant dans le secteur bancaire, la téléphonie mobile et les médias. Sa mort n'a pas laissé ses six héritiers démunis puisque, actuellement, leur fortune est évaluée à plus de dix milliards de dollars, ce qui équivaut à 45 % du produit intérieur brut du Liban (23 milliards de dollars) !

Cette fortune ne s'est pas construite à la seule force du poignet, mais grâce à des appuis puissants, dont celui de l'impérialisme français, et même plus particulièrement de Chirac, au travers de multiples contrats commerciaux ou financiers, ce qu'il est convenu d'appeler les " relations d'amitié franco-libanaises ". Pour entretenir ces bonnes relations d'affaires avec les milliardaires libanais, Chirac a payé de sa personne, en se rendant souvent au Liban, que ce soit à l'occasion de sommets, de visites officielles ou privées. Il a surtout appuyé indéfectiblement le clan Hariri contre tous ceux qui, au Liban, s'opposaient à sa mainmise sur le pays. Ce dernier n'a pas manqué de renvoyer l'ascenseur : il aurait, entre autres délicatesses, aidé au financement des campagnes électorales de Chirac.

En présentant officiellement Saad Hariri à son successeur, Chirac lui a montré qu'il tient à ce que la continuité de l'État soit assurée au moins dans un domaine : celui de la protection des intérêts de l'homme d'affaires libanais. C'est ce qu'on appelle, de façon plus pompeuse, la politique d'amitié de la France au Liban.

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