PDG du CAC 40 : Pleurer sur la stagnation de leurs salaires ?26/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2021.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

PDG du CAC 40 : Pleurer sur la stagnation de leurs salaires ?

Pour la deuxième année consécutive, les salaires des patrons français des 40 plus grandes entreprises stagnent, revèle le journal économique Les Échos. Ainsi Serge Tchuruk a perdu plus de 11 % sur sa rémunération 2006. Il n'aura touché, à la tête d'Alcatel-Lucent, " que " 2,5 millions d'euros en salaire fixe, bonus, avantages en nature et jetons de présence. Autre cas, pour Jean-Philippe Thierry, le PDG d'AGF, c'est 13,6 % de moins, soit " seulement " 2,4 millions. Jean-Martin Folz, de PSA, n'a reçu " que " 1,3 million dans l'année.

En fait, la liste n'est pas bien longue, car la grande majorité des patrons du CAC 40 ont bénéficié d'une rémunération en hausse, qu'il s'agisse de Patrick Kron, de l'Alstom, augmenté de 37 %, de José Luis Duran, de Carrefour, + 59,7 %, ou encore de Thierry Desmarets, de Total, qui n'a bénéficié lui que d'une rallonge de 1,4 % mais peut tout de même s'offrir, avec ses 3,2 millions d'euros, quelques pleins - si même il se les paye ! Le champion toutes catégories des salaires des PDG est cette fois Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH, avec ses 4 millions d'euros, qui ne représentent, il est vrai, qu'une hausse de 2,3 %, juste l'inflation en quelque sorte.

De toute façon, quelle que soit la variation de leur rémunération, publiée dans le rapport annuel des sociétés depuis une loi de 2001, ces patrons disposent également, pour la plupart, d'un considérable paquet de stock-options ou d'actions gratuites, accumulées d'année en année au cours des différents exercices. Et ces " primes "-là échappent facilement à la transparence que la loi prétend exiger. Elles sont pourtant de taille : le PDG de Total était, fin 2006, à la tête de quelque 477 000 actions, celui de Sanofi-Aventis, de 411 000, celui d'Alcatel-Lucent, de 236 000.

Un autre de leurs menus avantages a récemment défrayé la chronique, avec le " parachute doré " de 8 millions d'euros de Noël Forgeard, l'ancien patron d'EADS, connu au moment même où Airbus prépare des milliers de suppressions d'emplois.

Campagne électorale oblige, cette annonce a fait l'objet de déclarations réprobatrices de la candidate du Parti Socialiste comme de la droite.

Ségolène Royal a parlé, si elle est élue, de " rendre publique la rémunération des hauts dirigeants, d'abord dans les entreprises où l'État est actionnaire ", ce qu'au demeurant la loi permet d'ores et déjà. François Bayrou a proposé une " loi de moralisation de la vie économique ". L'UMP a déclaré par la voix du président de l'Assemblée, Patrick Ollier, qu' " en cas d'échec industriel, on doit pouvoir empêcher un patron de lever ses stock-options ". Mais le candidat UMP, Sarkozy lui-même, se montrait moins choqué, déclarant : " Ce que je n'accepte pas, c'est qu'on ait à la fois la grosse rémunération et le gros parachute. " Cela ne l'empêchait d'ailleurs pas de maintenir, sans sourciller, ses projets de baisser l'impôt sur les sociétés et sur les gros revenus.

Salaires gigantesques, indemnités d'arrivée ou de départ, paquets d'actions, primes diverses, les revenus du grand patronat, CAC 40 ou pas, sont à l'image des profits des grandes entreprises. Florissants. Les travailleurs savent donc où on pourrait trouver de quoi empêcher les fermetures d'entreprises et les suppressions d'emplois faites au nom de " difficultés économiques ", qui ne sont en général qu'un prétexte.

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