Centre de rétention pour les sans-papiers à Toulouse : Un rapport accablant.13/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2019.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Centre de rétention pour les sans-papiers à Toulouse : Un rapport accablant.

La Cimade, la Ligue des Droits de l'Homme et le Syndicat des avocats de France viennent de publier un rapport sur le centre de rétention de Toulouse où sont maintenus en détention des sans-papiers avant leur expulsion du territoire. Ce rapport est accablant pour ce centre qui vient d'être construit en bordure de l'aéroport de Blagnac, pour 10 millions d'euros, et qui fonctionne depuis un an.

À l'intérieur, on rend une justice d'exception. Les droits les plus élémentaires de la défense sont bafoués. L'Ordre des avocats a demandé à ses membres de ne pas siéger dans cette enceinte et de rendre leurs conclusions par écrit. Le Syndicat des magistrats a également conseillé de ne pas y siéger, et la justice y est rendue par le seul magistrat qui accepte de le faire sans aucun état d'âme.

Il est très difficile au public et aux familles d'assister aux audiences qui se tiennent dans une salle de 20 m² dont ce n'était pas la destination. vingt-quatre places sont occupées par les prévenus, leurs interprètes et les policiers. Le rapport relate le climat qui règne lors des audiences : par exemple, lors d'une audience " quatre interprètes étaient présents pour assister les vingt et une personnes présentées. À cet effectif s'ajoutaient onze policiers dans la salle et dans le couloir. Les deux observateurs (de la Cimade) se sont donc assis par terre et le public est resté dans l'entrebâillement de la porte ".

Les audiences se font collectivement, les cas estimés similaires étant regroupés. Le magistrat parle aux prévenus, regroupés autour de leurs interprètes qui traduisent simultanément chacun dans leur langue, dans le brouhaha. Le rapport estime que cela dure en moyenne trois minutes par détenu. Au bout d'une demi-heure, quand le magistrat revient pour rendre ses décisions, en général les détenus ne comprennent même pas que le jugement vient d'avoir lieu. Ainsi, dit le rapport, " les Indiens ont communément des interprètes en anglais et non en hindi ou en tamoul comme ils le souhaitent. Les Brésiliens sont censés maîtriser l'espagnol autant que le portugais et lorsqu'il n'y a pas d'interprète en espagnol un fonctionnaire de police peut s'en charger... Quant aux Maghrébins ils parlent bien évidemment tous le français. "

Inutile de dire que dans ces conditions le seul résultat est le nombre spectaculaire des décisions de maintien en rétention : 96,16 % depuis le début de l'année pour le centre de Toulouse, d'après le rapport. Quant aux expulsions du territoire, elles ne font qu'augmenter. Mais n'est-ce pas cela le seul objectif de Sarkozy, et maintenant de son successeur ?

Partager