Peugeot-Citroën PSA - Aulnay-sous-Bois (93) : Pour les 300 euros, la grève continue05/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2018.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot-Citroën PSA - Aulnay-sous-Bois (93) : Pour les 300 euros, la grève continue

Commencée le 28 février dernier, la grève de près de 500 ouvriers de l'usine de Peugeot-Citroën d'Aulnay-sous-Bois (sur 3 500 en fabrication) est entrée dans son deuxième mois. La détermination est entière et étonne tout le monde, grévistes compris.

Chaque jour, au cours des diverses actions organisées par le comité de grève (soutenu par quatre des syndicats de l'usine) et auxquelles chacun participe activement, les grévistes peuvent faire l'expérience concrète de l'organisation et de la force qu'ils représentent. Tous ressentent la nécessité de tenir bon pour faire reculer PSA... qui a largement de quoi payer les revendications.

En effet, le groupe automobile brasse des milliards, son chiffre d'affaires avoisine celui d'un pays comme l'Algérie ou la Roumanie. Depuis des années, il accumule les bénéfices, plus de 9 milliards sur les dix dernières années... tout en bénéficiant de nombreuses aides de l'État. Citons celle sur les bas salaires, qui consiste à diminuer les charges sociales payées par le patron. Pour le salaire d'embauche à PSA, quasiment le smic, la ristourne dépasse les 300 euros...

Chez plusieurs sous-traitants, la grève a encouragé les ouvriers à revendiquer aussi pour les salaires, comme chez Lajous dans l'Oise, fournisseur de pièces pour les moteurs, Faurécia dans le Nord et chez deux sous-traitants fabriquant des sièges, Lear dans l'Oise et Siedoubs dans le Doubs, la grève s'est propagée. Du coup, les voitures C2 et C3 qui sortent à Aulnay n'ont pas de sièges... et sont invendables pour l'instant. Mais la direction continue sa mise en scène pour faire croire que la production peut se passer des grévistes. En même temps, elle a entrouvert la porte des négociations, mais à la dernière rencontre, elle proposait la diminution du prix de repas de 30 centimes (sic ! ), une prime de reprise de 50 euros brut, et une journée de grève payée... Evidemment, face à ces broutilles proposées par la direction, la grève continue !

En début de semaine, à une cinquantaine, les grévistes se sont adressés aux ouvriers venus d'autres usines pour leur demander de refuser d'occuper leurs postes de travail.

La semaine précédente, les grévistes ont appelé à un débrayage qui a été suivi sur tout le site pendant plusieurs heures, montrant que la grève est populaire. De nouvelles manifestations ont aussi été organisées : au siège de PSA avec les grévistes de Lear, eux aussi toujours en grève en ce début de semaine.

De nombreuses délégations de grévistes ont continué à faire connaître leurs revendications à l'extérieur tout en faisant appel à la solidarité ouvrière. En début de semaine, le comité de grève décidait de faire un premier acompte à partir de la caisse de grève. Cela ne compense pas la petite paie que les grévistes ont eu ce mois, mais la fierté d'une grève réussie l'emporte de loin.

Bernard Thibault, dirigeant de la CGT et Annick Coupé de SUD sont venus à l'usine apporter leur soutien, même Ségolène Royal en tournée électorale est venue dire aux grévistes qu'ils ont raison. Cette grève, pour les 300 euros, pas de salaire inférieur à 1 525 euros net, l'embauche des intérimaires, le départ des anciens à 55 ans, commence à être connue. Même le ministre du Travail, Larcher, et le préfet de la Seine-Saint-Denis, à qui les grévistes avaient rendu visite en délégation, ont demandé à PSA de sortir rapidement du conflit " par le haut " comme ils disent. En effet, ce qui inquiète ces représentants des patrons dans l'État, c'est que, face aux milliards de bénéfices, le monde du travail exprime aussi qu'il en a marre des bas salaires, et reprenne à son compte les revendications des grévistes d'Aulnay.

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