Le monde du travail doit faire entendre ses exigences05/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2018.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le monde du travail doit faire entendre ses exigences

Au-delà des échanges de petites phrases, les " nerfs " de l'un, le " sens moral " de l'autre, ou autres amuse-galerie, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal s'emploient, selon la presse, à " ajuster " leur programme. Ce qui signifie que l'un comme l'autre proposent de nouvelles mesures à l'intention de la fraction de l'électorat qu'ils veulent séduire, celle des gens aisés.

La crise du logement condamne des millions de gens, faute d'appartements à louer à un prix abordable, à vivre dans des conditions indignes, voire dans la rue. Face à cela, Sarkozy promet, sous prétexte de faciliter l'accession à la propriété, qu'il fera déduire les intérêts d'emprunts du revenu imposable. Ce sera un très beau cadeau pour ceux qui achèteront des appartements de luxe. Mais cela ne changera absolument rien à la situation des plus pauvres, de ceux qui voudraient bien trouver à louer un appartement décent. Mais le candidat qui a les faveurs du Medef n'a rien à faire des mal-logés et des sans-logis.

Ségolène Royal s'adresse au même électorat, même si elle essaye de donner un visage " social " à ses propositions. Elle vient par exemple d'inventer, sous prétexte de lutter contre le chômage des jeunes, un nouveau type de contrat à destination des entreprises de moins de dix salariés : le " contrat première chance ". Un contrat d'un an, au cours duquel l'État paierait non seulement les cotisations sociales mais aussi le salaire lui-même. Quel salaire ? Ségolène Royal ne le précise même pas.

On voit mal quel employeur refuserait " d'embaucher " - si le mot a encore un sens dans ce cas-là - un salarié qui ne lui coûtera absolument rien et qu'il pourra jeter sans formalité au bout d'un an, puisqu'il lui suffira pour toute justification de dire que ce jeune ne lui a pas donné satisfaction. Un homme ou une femme à tout faire gratuit, quelle aubaine !

Bonne opération pour le gouvernement aussi : cela ferait autant de jeunes qui sortiraient des statistiques du chômage.

En revanche, cela ne créera aucun emploi nouveau. Au contraire, les petites entreprises qui auraient pu créer de vrais emplois ne le feront pas, puisqu'elles pourront recourir à ces travailleurs gratuits. Et cela ne manquera pas, aussi, de tirer l'ensemble des salaires vers le bas.

Décidément, la candidate du Parti Socialiste considère qu'elle n'a aucun effort à faire pour obtenir les voix des travailleurs, que celles-ci lui sont acquises d'avance et qu'elle peut se contenter vis-à-vis des classes populaires de son chantage au vote utile.

Les travailleurs ont à juste titre envie d'empêcher cette droite arrogante qu'incarne aujourd'hui Sarkozy d'occuper cinq ans de plus l'Élysée. Mais il faut qu'au premier tour ils signifient clairement à Ségolène Royal qu'ils exigeront d'un éventuel gouvernement de gauche une tout autre politique que celle qui consiste à multiplier les cadeaux aux fractions les plus aisées de la population, en ignorant les besoins vitaux des classes populaires.

Face à la persistance du chômage, à la multiplication des fermetures d'entreprises et des plans de suppressions d'emplois, il faut interdire les licenciements collectifs, et que l'État consacre les finances publiques, plutôt que de distribuer des aides à fonds perdus au patronat, à créer lui-même de vrais emplois, dans les hôpitaux, l'enseignement, dans tous les services publics qui se dégradent de jour en jour, dans la construction aussi.

Face à la crise du logement, il faut en effet mettre en chantier les centaines de milliers de logements confortables et à loyer abordable qui manquent.

Face à la dégradation du pouvoir d'achat des classes populaires, il faut revaloriser le smic à 1500 euros net immédiatement, et augmenter tous les salaires de 300 euros.

Voilà ce que les travailleurs seraient en droit d'attendre d'un gouvernement de gauche.

Et si je me présente à cette élection, c'est justement pour leur permettre de dire, en votant pour ma candidature, que telles sont bien leurs exigences.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 2 avril

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