Dette publique : Des "succès" dus à des artifices comptables05/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2018.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dette publique : Des "succès" dus à des artifices comptables

Le ministre de l'Économie Thierry Breton, en poste depuis deux ans, se vante d'avoir montré " qu'il était possible de stopper la machine infernale de l'endettement ". La preuve : la dette publique française (1 142 milliards d'euros) n'a augmenté en 2006 que de 5 milliards, au lieu de 45 si elle avait suivi le rythme d'augmentation du PIB.

À le croire, la dette serait quasiment stabilisée, le déficit serait tombé à 2,5 % du PIB, le taux d'endettement reculerait de 2,3 %, la dette passerait de 66,2 à 63,9 % du PIB et s'acheminerait vers les 60 % maximum, chiffre butoir demandé par l'Union européenne.

Sauf que ces calculs reposent sur un artifice comptable. Les 40 milliards prétendument économisés proviennent en majeure partie de la suppression d'une réserve de trésorerie que le ministère avait coutume de conserver chaque année. 30 milliards sont ainsi remis dans le circuit, auxquels s'ajoutent 16 milliards provenant de privatisations d'autoroutes et de vente de participations dans Alstom et Aéroports de Paris. En réalité, l'augmentation de la dette a cette année dépassé les 50 milliards.

Pour résumer, le ministère des Finances liquide son stock et décide de réduire à zéro son fonds de caisse. Sur la comptabilité de l'année, cela se traduit par de fortes économies. Mais cet exploit totalement artificiel ne pourra pas être renouvelé et le déficit de 2007 sera donc au moins équivalent à celui de 2005.

Thierry Breton s'est livré au même type de manipulation en disant qu'il allait faire cadeau d'une année d'impôt à chaque contribuable. Son projet est de ne plus faire payer l'impôt sur les revenus de l'année écoulée, mais sur ceux de l'année en cours. Au moment du changement de système, il y a bien une année qui disparaît des comptes, mais il n'y a aucune interruption dans le paiement de l'impôt.

D'ailleurs, par quel miracle le déficit de l'État cesserait-il, alors qu'il continue de dépenser chaque année des dizaines de milliards en aides et exonérations de toutes sortes accordées au patronat ?

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