Crise du logement, bas salaires, précarité : Aux travailleurs d’imposer une autre politique!27/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2004.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Crise du logement, bas salaires, précarité : Aux travailleurs d’imposer une autre politique!

En décembre 2005, Médecins du monde entreprenait de distribuer des tentes à Paris aux sans-logis, non seulement pour leur offrir un minimum d'abri contre le froid, mais dans l'espoir que les pouvoirs publics ne pourraient plus fermer les yeux sur le scandale que constitue le fait que, rien que dans la capitale, des milliers de personnes, dont plus d'un tiers ont une activité professionnelle et un salaire, sont contraintes de vivre dans la rue.

Un an plus tard, les tentes fournies par des organisations humanitaires qui s'alignent à Paris, au bord du canal Saint-Martin, montrent que rien de sérieux n'a été entrepris pour résoudre ce problème.

Les gens qui nous gouvernent ont d'autres préoccupations. Par exemple le fait que des artistes connus et riches, et que des grands bourgeois moins connus du grand public, mais infiniment plus riches, choisissent de s'installer en Suisse, ou dans des paradis fiscaux plus lointains, les tracassent, et ils y voient une raison supplémentaire de baisser encore plus les impôts des plus riches, de supprimer l'impôt sur la fortune, de diminuer les droits de succession. Et là, ils ne se contentent pas de mots. Au cours des vingt dernières années, d'innombrables mesures ont été prises pour alléger les impôts des plus riches, et d'autres sont en préparation.

Les causes de la crise du logement sont pourtant connues. Une spéculation immobilière effrénée a fait flamber le prix des locations. Le bas niveau des salaires, les temps partiels imposés et la précarité croissante de l'emploi ne permettent pas à des milliers de travailleurs de trouver à se loger décemment (et c'est évidemment encore plus vrai pour la majorité des chômeurs et pour les éremistes).

Sarkozy peut toujours promettre que, s'il est élu président de la République, plus personne «d'ici deux ans, ne sera obligé de dormir dehors», mais il se garde bien d'annoncer la moindre mesure concrète pour mettre fin au scandale des sans-domicile. Borloo peut se vanter que plus de logements ont été mis en chantier au cours de l'année écoulée que durant les années précédentes (ce qui n'est pas difficile!) et brandir son gadget des «maisons à 100000 euros». Ce n'est pas comme cela que la crise du logement sera vaincue.

Ce qui serait urgent, c'est de construire des dizaines de milliers d'appartements confortables et bon marché, pour permettre à l'ensemble de la population de se loger décemment.

Ce qui serait nécessaire aussi, c'est de relever tous les salaires, tous les minima sociaux, afin que chacun ait les moyens de se loger décemment. Mais représentants du gouvernement comme du patronat hurlent que l'économie va s'écrouler si l'on relève un tant soit peu le smic, car ils ne veulent surtout pas prendre la moindre mesure qui diminue les revenus des propriétaires de capitaux.

C'est pourtant là qu'est le noeud du problème. Les grandes entreprises affichent des profits insolents. Les riches sont de plus en plus riches, alors que depuis des années le niveau de vie de la population laborieuse ne cesse de se dégrader. La droite au gouvernement mène cyniquement sa politique antiouvrière. Et au sein du Parti Socialiste, qui prétend incarner un espoir de changement, il en est, tel Bernard Kouchner, ancien ministre de Mitterrand, qui se déclarent prêts à gouverner éventuellement avec cette droite au sein d'un gouvernement «d'union nationale», comme le font en Allemagne les socialistes et les chrétiens-démocrates, pour continuer la même politique. Et parmi les dirigeants socialistes, aucune voix ne s'est aussitôt élevée pour dénoncer ces propos.

Alors, il ne suffira certainement pas de bien voter au printemps prochain pour mettre un terme à la politique de régression sociale que nous subissons depuis des années. Il faudra que la classe ouvrière, avant comme après les futures élections, se fasse entendre et qu'elle montre clairement qu'elle n'a nulle intention d'accepter cinq ans de plus de sacrifices.

Il n'y a que comme cela que nous pourrons avoir une «bonne année 2007»!

Éditorial des bulletins d'entreprise du 26 décembre

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