Crash du mont Sainte-Odile : Airbus et Air France jugés responsables17/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1998.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Crash du mont Sainte-Odile : Airbus et Air France jugés responsables

Près de quinze ans après l'accident de l'Airbus A 320 qui s'était écrasé en janvier 1992 sur le mont Sainte-Odile, en Alsace, le tribunal correctionnel de Colmar vient de rendre son verdict. Il a relaxé les six prévenus qui comparaissaient, tout en reconnaissant que les compagnies Airbus et Air France étaient «entièrement responsables du préjudice subi par les victimes».

Tous les éléments qui ont conduit au crash de l'A 320 ont été jugés comme étant des «erreurs» ou des «négligences». Pourtant, le procès avait mis en évidence des manquements qui étaient apparus très vite au cours de l'enquête: des éléments de radioguidage installés sur l'Airbus étaient défectueux, le tableau de bord, mal conçu, pouvait permettre une confusion entre des données, un dispositif d'alerte de proximité de sol n'avait pas été installé sur cet appareil, contrairement aux règles internationales en vigueur, les pilotes n'avaient pas été suffisamment formés, etc.

L'instruction a duré quatorze ans, alors qu'au bout de deux ans les faits étaient connus. Mais expertises et contre-expertises se sont succédé, chaque partie mise en cause tentant de rejeter sur une autre la responsabilité de l'accident: Airbus Industries qui a construit l'A320, Air-Inter, filiale d'Air-France qui exploitait cet avion, la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) ou le contrôleur aérien ayant guidé l'approche de l'avion. Les familles des victimes, qui avaient aussi porté plainte pour «lenteur excessive de la procédure pénale», n'ont eu droit qu'au mépris de la justice, puisqu'elles ont été déboutées de leur plainte fin septembre par le tribunal de grande instance de Strasbourg.

Et surtout, les quatorze années d'instruction ont permis à Airbus-Industrie de commercialiser en toute tranquillité l'A320 qu'elle venait de lancer, après avoir corrigé les défauts ayant amené l'accident, faisant de l'A 320 l'un des avions les plus vendus au monde. C'était faire des affaires aux dépens des victimes qui, pendant ce temps, attendaient le jugement.

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