Limoges : Quand un juge député appelle à faire justice soi-même.01/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1996.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Limoges : Quand un juge député appelle à faire justice soi-même.

À la fin de la manifestation du lundi 16 octobre, jour de la venue de Sarkozy à Limoges, la police a arrêté deux jeunes de 18 et 17 ans, soupçonnés d'avoir brisé la vitrine du siège de l'UMP. Ils seront en plus accusés d'avoir blessé les policiers au cours de leur interpellation, et mis en examen après une garde à vue de 24 heures.

Le week-end suivant, au cours de son intervention dans une réunion de l'UMP, le député et juge antiterroriste Alain Marsaud a donné l'adresse et le numéro de téléphone de la famille du plus jeune, en incitant son auditoire à agir. La vie de la famille est aussitôt devenue insupportable: coups de téléphone injurieux, manifestations de groupes braillards ou de véhicules klaxonnant sous ses fenêtres. Elle a dû changer de domicile et a décidé de porter plainte.

Alain Marsaud n'est pas n'importe qui: dans les années 1980, les années "Pasqua", il a été directeur du service central de lutte antiterroriste au parquet de Paris. Battu aux élections législatives de 1997, il s'était consolé en devenant l'un des cadres dirigeants de Vivendi: en tant que "directeur général adjoint", il était chargé des dossiers "de sécurité et d'intelligence service". Redevenu député à partir de 2002, il est député de Limoges-centre et secrétaire des lois à l'Assemblée nationale et conserve un mandat d'administrateur chez Veolia: c'est donc un notable qui passe très facilement des responsabilités dans l'appareil d'État à des responsabilités à la tête de grands groupes capitalistes.

Mais ce qui ne manque pas de sel, c'est qu'en 1994, alors que certains de ses amis étaient compromis dans des "affaires", Alain Marsaud a fait voter un amendement interdisant la publication de toute information concernant des personnes faisant l'objet d'enquêtes judiciaires. Pour ses amis, c'est donc la présomption d'innocence, mais pour ses opposants, c'est l'encouragement à ce qui ressemble à du lynchage. Déjà, cet été, il avait montré un visage peu ragoûtant en traitant publiquement de "malfaisants" les sans-papiers grévistes de la faim de Limoges. Il vient d'en rajouter un peu plus dans l'ignominie.

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