Dans les entreprises

Total Petrochemicals (Carling - Moselle) : Prendre sur les profits pour maintenir l’emploi

Total fait tellement d'argent dans le pétrole que la chimie ne l'intéresse plus guère. C'est pourquoi le groupe a largué une partie de ses activités chimiques, regroupées maintenant dans une société indépendante, cotée en Bourse, Arkema. La partie pétrochimie, Total Petrochemicals, vient d'annoncer 301 suppressions d'emplois sur les 2 300 du groupe d'ici 2011. 58 doivent toucher l'usine de Gonfreville (Seine-Maritime) et 243 celle de Carling en Moselle qui emploie 900 travailleurs.

À Carling, cette nouvelle suscite une grosse inquiétude, mêlée de résignation, car ce n'est pas la première fois que Total y supprime des emplois. Le site a connu bien des vicissitudes. Au départ, en 1952, on y faisait de la chimie du charbon, puis il s'est reconverti dans la pétrochimie. Appartenant au groupe Elf, puis à Total, il a été scindé en deux au début de cette année: d'un côté Arkema, où plus de 600 travailleurs font de la chimie organique, de l'autre Total Petrochemicals, spécialisé dans la chimie du pétrole. Mais tous les deux pratiquent surtout la chimie du profit!

Total Petrochemicals voudrait arrêter d'ici 2009 la production de styrène à Carling, ce qui imposerait de faire voyager sur 800km, tous les ans, 160000 tonnes de benzène, la matière première du styrène. Le benzène partirait par chemin de fer de Carling pour être transformé à Gonfreville. Le styrène reviendrait ensuite à Carling pour y être transformé en polystyrène! Des dizaines de milliers de tonnes de produits dangereux seraient ainsi mis sur les voies ferrées... L'irresponsabilité environnementale de Total, après l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, n'est plus à démontrer.

La direction affirme que son plan se fera sans licenciement sec. Mais combien seront induits chez les sous-traitants, voire dans les usines qui dépendent directement de la production de Carling, comme Ineos à Sarralbe? Elle prétend que ce projet «est indispensable à la pérennité de Total Petrochemicals France». Comme si Total, qui a réalisé 12 milliards de profits l'an dernier, ne pouvait plus assurer les salaires de quelques centaines de travailleurs. Un nouveau CCE doit se tenir le 29 septembre à Paris. L'intersyndicale appelle à débrayer ce jour-là et une assemblée générale doit avoir lieu.

Si la direction programme la fermeture, il faudra que les travailleurs programment la riposte pour obliger Total à prendre sur ses bénéfices pour maintenir tous les emplois.

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