Privatisation de Gaz de France et fusion avec Suez : La marche «inexorable» des intérêts privés27/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1991.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Privatisation de Gaz de France et fusion avec Suez : La marche «inexorable» des intérêts privés

Chacun sait que Gaz de France va être vendu au groupe Suez uniquement pour éviter à ce dernier d'être victime d'une OPA de la part de l'italien ENEL. Chacun sait qu'il n'existe aucune raison -hormis des combinaisons financières- pour séparer GDF d'EDF. Chacun sait que le gouvernement s'était engagé à ce que l'État reste majoritaire dans le capital de Gaz de France, et pas seulement dans un discours de Sarkozy, mais par une loi.

Et pourtant l'Assemblée nationale s'apprête à entériner, en reniant ladite loi, la privatisation de GDF, sa vente à Suez, et par conséquent sa séparation définitive d'avec EDF.

Et chacun sait qu'il va résulter de tout cela une hausse encore plus forte que par le passé des tarifs du gaz et de l'électricité, dans les années à venir. Et la majorité parlementaire est d'accord -même si certains de ses membres ont eu quelques réticences- et prend toutes les mesures législatives pour que cela puisse s'accomplir.

Pendant des années on a présenté l'ouverture du marché du gaz et de l'électricité comme un événement «inéluctable». Puis l'ouverture du capital comme également «inéluctable», puis la séparation de GDF et d'EDF, ainsi que la séparation de ces entreprises d'avec leurs réseaux transports tout aussi «inéluctables». Et maintenant, à force d'inéluctabilités de ce genre, on en arrive à la disparition de Gaz de France.

Certes, EDF-GDF, du temps où l'État était l'unique actionnaire, n'ont jamais été des «services publics» véritablement au service du public. Ce sont toujours les intérêts privés qui l'emportaient. Les tarifs qu'EDF consentait à des trusts comme Péchiney ou Ugine-Kühlmann n'avaient rien à voir avec ceux des particuliers. Ceux-ci payaient cher l'électricité pour que les trusts de l'électrochimie, de l'électrométallurgie et bien d'autres puissent bénéficier de tarifs parfois en dessous du prix de revient.

Mais aujourd'hui avec la privatisation de GDF et d'EDF, c'est jusqu'à une partie du patronat lui-même qui s'est estimé lésé et a protesté!

Devant cette protestation efficace du grand patronat «électro-intensif» (c'est le nom des très gros consommateurs) celui-ci a obtenu une réduction des tarifs.

Mais devant une politique qui en arrive à porter tort à de grandes entreprises, qui peut s'imaginer que les clients particuliers seront épargnés?

Tout cela a beau être évident, les intérêts privés poursuivent leur marche en avant «inéluctable» et avec la bénédiction de l'État.

Il y a quelques années, il existait, dans la quasi-totalité des pays d'Europe des entreprises d'État du gaz et de l'électricité. L'Union Européenne aurait parfaitement pu les fusionner en un ensemble européen, qui aurait évidemment été aussi peu véritablement «public» qu'EDF et GDF. Cela aurait servi d'abord les intérêts du patronat européen, avant ceux des simples usagers européens. Cela n'aurait nullement été une révolution. Mais même cela, l'Europe, complètement à la botte du capital, n'a pas su ni même voulu le faire. Son seul objectif a été d'ouvrir de nouveaux champs d'investissement au capital privé.

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