Jospin et l’immigration : De 1997... à aujourd’hui, il n’a pas changé27/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1991.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Jospin et l’immigration : De 1997... à aujourd’hui, il n’a pas changé

Dans une interview qu'il avait accordée au journal Aujourd'hui, Jospin affirme que «la régularisation de tous les immigrés sans papiers n'a jamais été la politique des socialistes».

Ainsi, lorsque Jospin est devenu Premier ministre en 1997, il y aurait eu, selon lui, 80000 régularisations pour 170000 demandes. Jospin ne dit pas ce qu'il est advenu des 90000 déboutés mais précise avec fierté qu'il n'a pas procédé à des centaines de milliers de régularisations comme cela s'est fait par exemple en Allemagne, en Italie et en Espagne.

Si, comme tous les ténors du PS, il critique la brutalité spectaculaire de la politique de Sarkozy, Jospin ne fait que proposer au fond la même chose: l'examen des demandes de régularisation au cas par cas et selon des critères très restrictifs.

Pourtant lorsqu'au début de 1997 le gouvernement de droite avait voulu aggraver encore les lois anti-immigrés, le PS avait crié aux «lois scélérates» et l'on avait vu certains de ses dirigeants dans les manifestations de protestations contre les lois Pasqua-Debré. Lois qui transformaient en travailleurs clandestins des gens qui vivaient et travaillaient dans le pays depuis des années. Elles interdisaient, sous peine de poursuites, d'aider les personnes en situation irrégulière et obligeaient même à les dénoncer.

Aussi lors de la campagne électorale qui suivit la dissolution de l'Assemblée, Jospin, alors leader du PS, avait promis l'abrogation des lois Pasqua-Debré.

La gauche ayant gagné les élections, Jospin se trouva Premier ministre et nomma Chevènement ministre de l'Intérieur. La musique changea alors quelque peu.

Il y eut d'abord une circulaire expliquant aux préfets comment ils devaient appliquer les lois Pasqua-Debré, en attendant qu'elles soient modifiées. Chevènement, loin de demander aux préfets d'être souples, expliquait à la presse: «Les tenants des papiers pour tous auraient tôt fait de ruiner les acquis sociaux de notre pays tout en poussant la population vers l'extrême droite.»

Puis, à l'automne 1997, le gouvernement annonça qu'il ne s'agissait plus d'abroger les lois Pasqua-Debré mais seulement de les «toiletter» et de les «peigner». Le toilettage en question, s'il abrogeait certaines infamies, ne changeait rien sur le fond et aggravait même certains aspects de la loi. Ainsi, dans le but avoué de faciliter les expulsions, la durée de la rétention administrative passait de 10 à 12 jours.

Quant à donner automatiquement la nationalité française aux enfants nés en France, comme ce fut le cas à toute une époque, il n'en était plus question sous prétexte que cela aurait aidé les parents à la demander à leur tour. Il faut se souvenir de cela lorsqu'on entend aujourd'hui un dirigeant du PS protester contre les expulsions d'enfants scolarisés. Car si le PS avait tenu sa promesse lorsqu'il arriva au gouvernement en 1997, une bonne partie de ces enfants seraient aujourd'hui français et donc hors de danger!

Devant le reniement que représentait la loi Chevènement, une partie des députés socialistes et Verts ainsi que ceux du PCF avaient protesté mollement. Les députés du PS réussirent à «obtenir» que les enfants nés en France de parents étrangers puissent devenir français à partir de 13 ans (sous condition) au lieu de 18 ans. Après quoi, la conscience tranquille et ayant cinq ans de législature devant eux jusqu'à 2002, ils avaient voté la loi Chevènement. Le PCF, qui avait quatre ministres, se lava les mains de cette affaire en s'abstenant.

Aussi, lorsque Jospin affirme aujourd'hui que sa politique n'a jamais été de régulariser les travailleurs sans papiers, on peut le croire. Il en avait simplement vaguement parlé dans son programme électoral et, depuis le temps, tout le monde devrait quand même savoir que cela n'a aucune valeur d'engagement.

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