Vu à la télé : Le président Coué29/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1978.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vu à la télé : Le président Coué

Lundi 26 juin à 20 heures, Chirac était interviewé par Arlette Chabot sur France 2, en direct du palais de l'Élysée. Selon lui, ce serait «l'ébullition politique et médiatique liée aux perspectives électorales» et sa «responsabilité» qui l'ont conduit à s'exprimer, sans attendre le traditionnel entretien du 14 juillet.

Il a d'abord nié que les Français s'interrogent sur le gouvernement, la perte de confiance du Premier ministre, les rivalités au sein de la majorité. Selon Chirac, ce gouvernement et la droite auraient des résultats «indiscutables».

Pour Chirac, Villepin a tout bon: le chômage diminue, la croissance a repris, les réformes avancent, la sécurité connaît une amélioration sensible et le gouvernement ne perd pas de temps. Certes, il y a eu l'échec du CPE, mais depuis il y a eu le plan emploi senior, l'actionnariat salarié, la convention signée entre l'ANPE et l'Assedic, dont on nous dit qu'elle va «améliorer la situation des chômeurs». On se demande pourquoi, il y a quelques jours, les employés de l'ANPE en grève se plaignaient du manque de moyens dont ils disposent, et aussi du rôle qu'on cherche à leur faire jouer dans la baisse du chômage... par radiation des chômeurs!

De même que Villepin a tout bon, la grogne dans la majorité n'existe pas. Après tout, l'UMP n'a-t-elle pas voté toutes les lois proposées par le gouvernement? Certes, celui-ci a eu un peu de mal à faire avaler la fusion Suez-GDF à des députés d'accord sur le fond, mais craignant que cette privatisation leur coûte leur siège aux prochaines élections, au point que ce sujet a été reporté à la rentrée de septembre. Qu'à cela ne tienne: pour Chirac, qui admet un peu «d'insatisfaction» chez ses députés, ce projet de fusion est «bon». Il respecterait, nous dit-il, «l'intérêt des consommateurs», «ceux des salariés de GDF», «le principe du service public» et même «les emplois des salariés de Suez».

De même - exit le «malaise des banlieues»! - le gouvernement maîtriserait la «cohésion sociale», avec 410000 logements construits (où sont-ils?) et on devrait à madame Alliot-Marie les «compliments» que recevrait partout l'armée française. Quant au bilan du ministre de l'Intérieur - serait-ce Sarkozy? - il est bon lui aussi.

Chirac admet, du bout des lèvres, qu'il y a rivalité entre Sarkozy et Villepin, mais «c'est naturel», «c'est souhaitable», «on ne peut pas toujours être dans le ron-ron». Et Chirac prodigue à Villepin le conseil d'«être plus à l'écoute de sa majorité et avoir plus de contacts avec». Moyennant quoi, le Premier ministre est reconduit avec une «nouvelle feuille de route».

Au menu de celle-ci, toujours la «politique de l'emploi», c'est-à-dire, comme le précise Chirac, «la baisse des charges nécessaire pour l'emploi», ce qui semble annoncer une bordée d'aides et subventions au patronat. Il est question aussi d'un «service public de l'orientation», du «pouvoir d'achat» grâce à la hausse de 15% de la «prime à l'emploi», qui ajouterait, au mieux, un treizième mois à ceux qui ont un emploi payé moins de 1000 euros net par mois et qui permet aux patrons de payer des salaires minables. Ce que Chirac ose appeler une augmentation «considérable»!

Ayant brossé, en guise de conclusion, le tableau de la France qui gagne, «première terre d'accueil des investissements étrangers», mieux reçus à l'évidence que les travailleurs immigrés, Chirac n'a pas voulu dire s'il était ou non candidat à un troisième mandat. Un suspense insoutenable!

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