RATP : Grève des bus d'Île-de-France29/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1978.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP : Grève des bus d'Île-de-France

Mardi 20 juin, des conducteurs (machinistes) de bus de plusieurs dépôts de la RATP ont cessé le travail suite à l'agression d'un des leurs sur la ligne 388, à Bagneux. Le machiniste agressé a reçu un coup de couteau mais, lors de son passage à l'hôpital, il a été heureusement vérifié qu'aucun organe vital n'avait été touché.

Durant le débrayage, beaucoup de machinistes ont mis en cause le projet «bus attitude» de la direction, qu'ils estiment à juste titre être une source supplémentaire de litiges et donc d'insécurité pour eux.

La ligne 388 fait partie des trois lignes où ce projet a été mis en place. Après la «bus attitude» phase 1, il y eut la phase 2, qui consista en quinze jours d'accompagnement du machiniste, pour l'aider à interpeller les usagers n'ayant pas validé ou étant montés par la porte arrière. Depuis quelques jours, c'est la phase 3 qui a été mise en place. Elle consiste en passages fréquents de contrôleurs. Tout est donc bien pour la direction, mais pas pour les machinistes, qui se retrouvent seuls, y compris face aux verbalisés de la veille, pour demander aux usagers récalcitrants de valider les cartes d'abonnement ou d'acheter un ticket.

L'application de la «bus attitude» deviendra le passage obligé dans la grille des salaires et il sera reproché à ceux qui ne la font pas de bâcler leur travail. De toute façon, nous dit la direction, les subventions de la Région seront désormais calculées sur les voyageurs validant, et non plus sur les voyageurs transportés, sans compter, ajoute-t-elle, la concurrence des transporteurs privés qui ne laisse pas le choix. Et puis la direction joue aussi sur le registre «respect» du machiniste, avec cet argument que certains pensent imparable: «Quand on va chez le boulanger, on paye sa baguette; et quand on prend le bus, c'est pareil, on paye.»

Mais beaucoup de machinistes ne sont pas dupes et pensent à juste raison que c'est là pour la RATP un moyen d'augmenter ses recettes. La RATP leur demandait depuis quinze ans de ne pas intervenir sur la vérification des titres de transport, en expliquant que redresser les comportements des usagers n'était pas du ressort des machinistes et que, de toute façon, leur travail était déjà assez stressant comme ça.

Quand l'agression sur le 388 a commencé à être connue, les cadres se sont empressés de dire que la «bus attitude» n'y était pour rien et qu'il ne s'agissait là que d'un «acte gratuit d'un déséquilibré, comme il y en a toujours eu». C'est totalement faux. Tous les machinistes du secteur de Bagneux rapportent au contraire les insultes, menaces, jets de pierres et le climat tendu avec les jeunes du quartier depuis l'arrivée de la «bus attitude» sur leurs lignes.

La direction a finalement réaffirmé qu'elle maintient tel quel son projet, mais qu'exceptionnellement les grévistes ne seront pas pointés en code d'absence illégale, seulement pointés en sans-solde autorisé, par souci d'apaisement.

Ce mouvement très suivi à Malakoff, Massy et dans d'autres dépôts montre que la direction pourrait à nouveau trouver sur son chemin la mobilisation des machinistes, sur ce point précis ou plus généralement sur la défense des conditions de travail que la direction entend remettre en cause à la rentrée.

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