Parti Socialiste : Un programme plein... de vide29/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1978.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Parti Socialiste : Un programme plein... de vide

Le projet du Parti Socialiste pour 2007, soumis à ses adhérents, vient d'être adopté à 85% par ceux qui se sont déplacés pour le voter, soit 47% des membres du PS. Le fait qu'ils aient le même programme n'a rien changé à l'attitude des différents prétendants à la candidature socialiste qui, de toute façon, s'ils sont un jour président de la République, ne se soucieront pas des quelques pages élaborées par le PS.

Ce programme est juste bon pour les militants, pour leur donner quelque chose à dire aux électeurs qu'ils tentent de convaincre. Mais même dans ces limites, ce programme ne contient pas grand-chose.

Que dit-il par exemple sur les licenciements, qui continuent à plonger des centaines de milliers de travailleurs dans la détresse? «Face aux délocalisations, nous mettrons en place une agence nationale de réindustrialisation. Elle pourra agir préventivement par des aides ciblées, organiser la reconversion et pénaliser les patrons voyous.» Rien d'autre que les dispositifs bidons déjà en place. Même l'anathème contre les patrons voyous ne se ditingue pas des propos de la droite. Sarkozy, après Chirac, vient de prouver qu'il pouvait la reprendre! Et il n'est question que des délocalisations, pas de l'ensemble des licenciements.

En ce qui concerne le pouvoir d'achat, les salaires, les socialistes se bornent à préciser: «Nous augmenterons le pouvoir d'achat par la négociation sociale, notamment la mise en place d'une conférence annuelle tripartite qui aura pour objectif de débattre des orientations et des propositions en terme de politique salariale.» La belle affaire! Des négociations sur les salaires, c'est la règle, à tous les niveaux, par branche, par entreprise. Sans que le revenu des travailleurs augmente. D'ailleurs, pour ce qui dépend du gouvernement, le programme du PS prévoit l'augmentation du smic brut pour atteindre 1500 euros en 2012, soit un peu plus de 3% par an, à peu près la hausse du 1er juillet 2007, elle-même en recul sur les années précédentes. Pour l'audace, on repassera!

Pour aller vers le plein emploi, le PS propose d'abord de «réactiver les emplois-jeunes», des contrats précaires qui, du temps où le PS gouvernait, ont laissé à la rue les jeunes en fin de contrat qui en bénéficiaient. Cela ne l'empêche pas quelques lignes plus loin de réaffirmer sa volonté de lutter contre la précarité. Mais alors, pourquoi ne pas embaucher massivement dans des emplois stables, en particulier dans les services publics comme l'enseignement, les hôpitaux, les transports? Certes, il parle de la création d'un service public de la petite enfance à 2 ans, de la scolarisation obligatoire à 3 ans, du développement des études et des aides dans les écoles et les collèges, mais quels personnels de crèche, quels enseignants y aura-t-il pour assumer ce travail? Silence.

Le PS supprimera, dit-il, l'apprentissage à 14 ans, le travail de nuit à 15 ans et même le CNE. Après s'être fait photographier à la tête des manifestations de cette année contre ces mesures, c'est le moins que l'on puisse en attendre. Mais les dernières attaques du gouvernement, encore présentes dans la mémoire de ceux qui les ont combattues, ne sont que l'aboutissement de lois ayant aggravé le sort des travailleurs, celles sur les retraites par exemple.

La loi Fillon de 2003 sera abrogée, nous dit le programme. Mais «son remplacement fera l'objet d'une large négociation». Ce ne sera donc pas le retour à la situation antérieure. Et quant à la loi Balladur de 1993 qui frappait les salariés du secteur privé, le PS ne propose pas de la supprimer, pas plus qu'il ne l'a supprimée en 1997 quand il était revenu au gouvernement. Même chose pour la santé.

Dans tous les domaines, ce programme essaie donc de faire entendre une toute petite musique «de gauche». Mais quand on y regarde de près, il n'y a aucun engagement, aucune promesse concrète qui pourrait améliorer le sort des millions de travailleurs. Et cela n'a rien d'étonnant car de telles mesures seraient forcément contraignantes vis-à-vis du patronat, dont les candidats socialistes ne veulent à aucun prix restreindre la liberté d'exploiter et de faire des profits.

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