Le schizophrène du quai Branly29/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1978.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le schizophrène du quai Branly

Il parle bien, Chirac. C'est ce qu'on pouvait se dire à écouter ou lire le discours qu'il a prononcé pour l'inauguration du musée du quai Branly.

Ne voilà-t-il pas qu'il a tenu à «rendre l'hommage qui leur est dû à des peuples auxquels, au fil des âges, l'histoire a trop souvent fait violence. Peuples brutalisés, exterminés par des conquérants avides et brutaux. Peuples humiliés et méprisés, auxquels on allait jusqu'à dénier qu'ils eussent une histoire.» Eh oui, c'est l'encore président de la République française qui parle ainsi! Une puissance qui a bâti une grande partie de sa force sur le pillage colonial et dont les classes possédantes et les dirigeants politiques, dont Chirac, continuent à défendre la position dominante ainsi conquise, par les armes quand il le faut

Premier représentant du capitalisme français, c'est le même Chirac qui a poursuivi, dans la même veine: «À la faveur de la mondialisation, l'humanité entrevoit, d'un côté, la possibilité de son unité, rêve séculaire des utopistes, devenu aujourd'hui la promesse de notre destin. Mais dans le même temps la standardisation gagne du terrain, avec le développement planétaire de la loi du marché. Pourtant, qui ne voit qu'une mondialisation qui ne serait qu'une uniformisation, ne ferait qu'exacerber les tensions identitaires, au risque d'allumer des incendies meurtriers?» Et de conclure: «Alors que nous tâtonnons, à la recherche d'un modèle de développement qui préserve notre environnement, qui ne cherche un autre regard sur l'homme et sur la nature?»

Oui, il parle bien, Chirac. Jusqu'à présent, il réservait ce type de discours à ses voyages à l'autre bout du monde. Maintenant, il peut les faire à deux pas de l'Élysée, au musée du quai Branly. À se demander s'il n'a pas fait construire celui-ci tout exprès pour donner libre cours à sa schizophrénie. Car, quand il sort du quai Branly et qu'il s'agit de défendre les intérêts des possédants français et les résultats de leur pillage, là, il ne «tâtonne» plus du tout.

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