Dans les entreprises

Air France Industries : Le gel des salaires, ça suffit!

Mercredi 28 juin, des dizaines de travailleurs de WA (le secteur des Moteurs d'Air France à Roissy) sont allés, en grève, rencontrer leurs camarades des Moteurs d'Orly-Nord, lors d'une réunion d'information dans les ateliers.

Ils voulaient, comme ils l'avaient déjà fait les semaines précédentes en s'adressant aux travailleurs d'autres secteurs industriels d'Air France à Roissy, informer le plus largement sur leur mouvement et sur leurs revendications de salaire: 32 points de plus, soit une augmentation d'environ 200 euros.

Les raisons de mécontentement ne manquent pas dans les ateliers et hangars d'Air France. L'Sil rivé sur ce qu'elle appelle «les marchés», c'est-à-dire sur l'indice de satisfaction des actionnaires, la direction a récemment claironné avoir réalisé près d'un milliard d'euros de bénéfice sur l'exercice 2005-2006. Cela correspond à une augmentation de ses profits de 69% en un an! Et cela, alors que depuis plusieurs années, Air France, désormais associé à KLM, caracole largement en tête de toutes les compagnies mondiales pour les profits.

Mais, à pavoiser dans tous les médias sur ses résultats, la direction a souligné malgré elle combien nos salaires ne suivent pas, d'autant qu'ils sont, de fait, quasigelés depuis des années. Elle a d'abord cru s'en tirer en portant la prime d'intéressement à 700 euros pour la plupart des travailleurs de l'Industriel. Mais cette goutte d'eau, par rapport à ses bénéfices, ne faisait pas le compte. Surtout, c'était une prime; le salaire, lui, ne bougeait pas.

Le mécontentement ne faiblissant pas, la direction a alors tenté de nous diviser. Dans un secteur (celui des mécanos-avion) qu'elle estime crucial sur le plan commercial, car c'est souvent à ce niveau que les vols bloquent et peuvent prendre du retard, elle a lâché quelques augmentations en points, moins importantes et moins nombreuses que ses promesses dites d'«évolution de carrière», qui ne concernent d'ailleurs qu'un tout petit nombre de travailleurs de piste.

Mais, là encore, ces 32 points qu'elle a saupoudrés n'ont que mieux souligné... que des milliers de travailleurs de l'Industriel n'avaient eu droit à rien. Alors maintenant, à Orly, à Roissy et dans les autres sites industriels de la compagnie, la direction multiplie les réunions, ici avec les chaudronniers, là avec les mécaniciens-cabine, en agitant de vagues promesses de petites carottes dans le genre: du travail il y en a, et il y aura des opportunités de carrière. Mais en attendant, motus et bouche cousue sur les «opportunités de salaire» pour tous. Or c'est cela que nous voulons.

Du coup, le mois dernier, à la DGI (qui regroupe les sites de maintenance d'Orly, Roissy, Toulouse, Le Bourget), des rassemblements ont réuni plusieurs centaines de travailleurs réclamant 32 points pour tous. Dans certains secteurs, des travailleurs ont systématiquement refusé de signer les bons de travail. Bien sûr, si cela gênait un peu la direction, cela ne pouvait pas la faire céder. Et même si certains syndicats l'ont laissé croire, la direction a montré ce qu'il en était en se tournant vers les tribunaux pour faire condamner ce mouvement.

Mais si elle espérait ainsi faire reculer le mécontentement, elle pourrait en être pour ses frais. En tout cas, les travailleurs des Moteurs de Roissy ne se sont pas laissé impressionner. Et leur expédition à Orly, comme les discussions chaleureuses avec leurs camarades d'Orly, les ont confortés dans l'idée qu'ils avaient bien raison de ne pas se laisser faire.

Et puis, tout le monde sait compter: si la direction accordait une augmentation de salaire de 200 euros (32 points) à l'ensemble des 10000 agents de l'Industriel, cela se monterait à 25 millions d'euros pour une année. C'est moins de 3% des profits d'Air France. Alors, que la direction ne prétende pas qu'elle n'en aurait pas les moyens!

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