Toyota – Valenciennes : Pagaille organisée28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toyota – Valenciennes : Pagaille organisée

La direction de Toyota Valenciennes avait annoncé en fanfare le lancement de la nouvelle Yaris et l'embauche de mille salariés (mais seulement 300 en CDI).

Mais les problèmes s'accumulent: pannes sur les presses, robots qui «zappent» des points de soudure, moules cassés à l'atelier plastique, arrachements du câblage des voitures... Des séries complètes de voitures s'entassent sur les parkings et les pelouses en attendant une pièce qui manque ou une retouche. Deux équipes ont même été envoyées d'urgence à Zeebrugge retoucher les voitures destinées à l'exportation. Il n'est pas sûr que cela fasse un bon argument de vente, mais cela n'empêche pas Toyota d'augmenter de 250euros la plupart des versions de la Yaris.

La direction peut imposer jusqu'à 55minutes de temps additionnel de travail en fin de poste («overtime») pour atteindre les objectifs de production. Et elle ne s'en prive pas. Du coup, les journées de travail sont à l'image de cette pagaille, rythmées par les arrêts de chaîne, l'overtime et les pauses décalées.

Les postes de travail sont encore plus surchargés depuis le passage en trois équipes. C'est la course permanente, au point que toutes les semaines, des intérimaires préfèrent quitter l'usine et que des CDD démissionnent. Ils ne sont pas remplacés, pas plus que les malades, ce qui aggrave le sous-effectif général. Dans bien des secteurs, les petits chefs sont au boulot. Cela n'empêche pourtant pas la direction de chercher à grignoter encore les effectifs, comme sur une ligne d'habillage des caisses où elle a même le culot de demander aux travailleurs de trouver eux-mêmes une solution pour supprimer deux postes sur la trentaine de l'équipe.

Dans la presse et les manuels scolaires, le «toyotisme» est souvent présenté comme un modèle d'organisation industrielle. La réalité, c'est qu'en matière d'organisation, chez Toyota comme dans les autres entreprises, c'est l'anarchie: les directions font des économies sur tout, sur le matériel comme sur le personnel, et veulent tirer toujours plus de jus de notre travail. Avec le lancement de la nouvelle Yaris, la situation est encore plus tendue que d'habitude; mais qu'à cela ne tienne, la seule réponse de la direction consiste à laminer la prime d'intéressement ce mois-ci.

À force d'en rajouter, c'est elle-même qui versera la goutte qui fera déborder le vase.

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