ACI – Villeurbanne : Des conditions de travail qui se dégradent28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ACI – Villeurbanne : Des conditions de travail qui se dégradent

Auto Châssis International (ACI) est une filiale de Renault qui produit des pièces pour l'automobile. En quelques années les effectifs de l'usine de Villeurbanne sont passés de 600 à un peu plus de 300 salariés. Des mutations aux départs «volontaires» en passant par les départs en cessation d'activité pour le personnel âgé (CASA), tous les moyens ont été utilisés pour accélérer les suppressions d'emplois.

Si les effectifs ont fondu de moitié, la production n'a pas diminué dans les mêmes proportions. Les machines continuent à tourner en permanence 24 heures sur 24, avec une équipe réduite le week-end. Certaines activités ont été arrêtées, Renault déplaçant la production dans d'autres usines. Mais d'autres continuent, avec la même production mais moins de personnel sur les postes de travail. Travailler sur plusieurs machines à la fois est devenu une pratique courante. Dès qu'une machine tombe en panne, on voit les mécanos s'activer pour la refaire démarrer au plus vite. Et si la réparation dure un peu trop longtemps, les travailleurs momentanément «inoccupés» sont déplacés pour renforcer une autre équipe. Sur certains postes, pour les repas, un tour de rôle a été établi afin ne pas arrêter la production.

Tout est prévu pour augmenter la productivité: diminution du personnel, augmentation des tâches à effectuer. Par exemple sur une ligne, la direction a enlevé un travailleur, obligeant ainsi les deux restants à effectuer le contrôle des bruts, le chargement des machines, le contrôle de la qualité, le dépannage rapide et, cerise sur le gâteau, le conditionnement des pièces.

Cette augmentation de la charge de travail, qui vient s'ajouter à la pénibilité des tâches, a des conséquences néfastes sur la santé des ouvriers. Il n'est pas rare que ces derniers soient amenés à déplacer chaque jour au total plusieurs tonnes de pièces. Dans ces conditions, on ne compte plus les cas de tendinites, maux de dos, sciatiques et autres troubles musculo-squelettiques. D'après la médecine du travail, près d'un tiers des salariés de production souffriraient de maux voire de handicaps liés aux mauvaises conditions de travail. Quant aux accidents, ils sont légion. D'après la direction de Renault, l'usine de Villeurbanne détiendrait le triste record du plus fort taux d'accidents.

Pour recaser les travailleurs accidentés ou handicapés, la direction se vante d'avoir mis en place un atelier avec des postes allégés. Mais ce dont elle se vante moins, c'est qu'elle freine des quatre fers quand il s'agit d'équiper ces postes de travail aux normes afin de respecter les handicaps des uns et des autres. Et ce qu'elle ne dit pas, c'est qu'elle téléphone au domicile des ouvriers et leur envoie des médecins «contrôleurs» pour qu'ils viennent au travail même malades ou accidentés.

La direction d'ACI aggrave les conditions de travail pour accroître les profits des gros actionnaires de Renault. Les salariés de Villeurbanne le voient, et ils l'ont fait savoir en débrayant massivement en mars dernier pour obliger le patron à augmenter les salaires et la prime de participation au bénéfice au-delà de ce qu'il avait prévu.

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