Saint-Martin (Antilles) Après la mort accidentelle d'un gendarme : Mensonges, racisme et manipulation de l'opinion23/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1964.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Martin (Antilles) Après la mort accidentelle d'un gendarme : Mensonges, racisme et manipulation de l'opinion

Le 12 février dernier, sur une route de Saint-Martin, île située au nord de la Guadeloupe, deux gendarmes traquaient une éventuelle course de motos (un "run"). Ce jour-là, il n'y eut pas de "run", mais l'un des gendarmes, entendant une moto arriver, voulut intervenir, se mit au milieu de la chaussée et fut renversé par le motard qui ne put l'éviter. Transporté à l'hôpital, le gendarme devait décéder de ses blessures.

Ce qui était un tragique accident de la circulation prit rapidement l'allure d'une affaire scandaleuse. La femme de la victime, soutenue par les collègues gendarmes et militaires de son mari, affirma que les témoins de la scène ne lui avaient porté aucun secours, et prétendit même qu'à l'hôpital, des personnes s'étaient réjouies de sa mort. Des médias locaux ainsi que des médias de la métropole reprirent cette version, laissant entendre qu'il s'agissait d'une nouvelle manifestation du prétendu racisme anti-blanc de certains Antillais.

En réalité, cette version des faits est un tissu de mensonges, non dénués d'arrière-pensées. Selon les témoignages dont fait état le Comité de soutien du jeune motard impliqué dans l'accident, le gendarme, en entendant la moto arriver à vive allure, aurait sorti son arme et se serait mis au milieu de la chaussée à environ 200 mètres d'elle, ce qui fait dire à un notable, témoin de la scène, que l'accident était inévitable.

D'autre part, de nombreux témoins ont affirmé à des journalistes et à des avocats qu'il n'y a jamais eu de propos racistes, ni sur les lieux de l'accident ni à l'hôpital. Ce qui n'empêche pas la veuve, les amis du gendarme et surtout "l'Association de défense des droits des militaires" de dénoncer la population qui n'aurait montré qu'"indifférence, injure, outrage et haine raciste devant le gendarme agonisant", ajoutant que l'annonce de sa mort aurait donné lieu à "des scènes de réjouissance collective". Rien de moins!

Les démentis formels et publics du docteur Bartoli, appelé à l'hôpital pour pratiquer des examens, n'y changeront rien. C'est la version mensongère, délirante et raciste de l'association des militaires, immédiatement soutenue par la ministre de la Défense Alliot-Marie, qui a été relayée par les chaînes de télévision. Ce qui évidemment provoqua un certain émoi.

Face à cette campagne de manipulation de l'opinion, un comité de soutien au jeune motard (lui-même grièvement blessé dans l'accident), aux témoins de l'accident et aux populations de Saint-Martin s'est constitué. Il entend dénoncer la campagne raciste et la récupération corporatiste orchestrée par l'Association de défense des droits des militaires. Il exige également que l'enquête soit confiée à un autre corps que la gendarmerie qui ne saurait être juge et partie dans cette affaire.

Pour l'instant, les médias, si prompts à relayer la thèse des gendarmes, n'ont guère fait écho aux propos de ce comité, ni aux nombreux témoignages qui viennent contredire la version des militaires. Ce qu'on voudrait faire passer pour de l'information objective, n'est qu'une abjecte manipulation de l'opinion.

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