Les troubles des anciens combattants américains23/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1964.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Les troubles des anciens combattants américains

Plus d'un soldat américain sur trois envoyés en Irak a dû recevoir un traitement psychiatrique dans l'année de son retour. C'est le résultat d'une étude menée sur environ 300000 soldats de retour d'Irak, d'Afghanistan et d'ailleurs dans le monde, entre mai 2003 et avril 2004.

Il n'est pas surprenant que le taux le plus élevé de maladies mentales concerne les soldats de retour d'Irak, où le simple fait de patrouiller dans les rues en fait des cibles vivantes. En Irak, même les bases militaires ne sont pas sûres: elles sont régulièrement la cible d'attaques au mortier. Et lorsqu'ils ne sont pas eux-mêmes des cibles, la vue des morts et des blessés traumatise bien des soldats pour les mois et les années à venir.

"D'horribles images s'imposaient à moi, sans que je puisse les contrôler. Je voyais le meurtre d'enfants, de femmes. C'est une expérience affreuse", racontait un ancien combattant de 23 ans, originaire du Texas. De telles images, des crises d'angoisse et de panique, des pulsions agressives ou suicidaires sont des symptômes courants parmi les anciens combattants. Les psychiatres appellent cela "anomalie de stress post-traumatique", PTSD. Officiellement 12% des anciens combattants d'Irak sont atteints chaque année de ce PTSD.

Quelques statistiques donnent une idée de l'importance des ravages que le PTSD fait parmi les anciens combattants et leurs familles. Selon une étude récente réalisée par l'armée, les enquêtes sur des cas d'agression parmi les soldats de retour d'Irak et d'Afghanistan sont passées de 11% avant les opérations militaires à 22% après. La consommation abusive d'alcool est passée de 13% à 21%. Les divorces parmi les soldats étaient en augmentation de 28% en 2004 par rapport à 2003 et de 53% par rapport à 2000. Alors même que le nombre de soldats est resté pratiquement identique pendant cette période.

Certes, les soldats, leurs familles et leurs amis n'ont pas besoin de ces statistiques pour savoir les effets de la guerre sur ceux qui la font. Ils en ont l'expérience en direct. Ils savent que la plupart de ceux qui survivent à la guerre en garderont les cicatrices, physiques et morales, le reste de leur vie. Nombreux sont ceux qui ne pourront s'adapter à la vie civile, garder un travail, entretenir des relations stables et finiront à la rue. Nombreux sont ceux qui se suicideront. On estime généralement que le nombre d'anciens soldats du Vietnam qui se sont suicidés dans les quelques années qui ont suivi la guerre est supérieur à 58000, c'est-à-dire au nombre de soldats tués pendant cette guerre.

L'intervention américaine a fait des dizaines de milliers de morts, de mutilés, de blessés dans la population irakienne. Mais elle a aussi fait des ravages dans les rangs de ses propres soldats.

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