Les intermittents sur le théâtre des luttes23/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1964.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les intermittents sur le théâtre des luttes

Les intermittents du spectacle continuent la lutte contre la précarité dans leur profession et la baisse de leurs indemnités chômage. Il y a deux semaines, le mercredi 8 mars, jour où syndicats et Medef renégociaient sur leur statut, ils étaient 5000 à manifester à Paris. Un nouvel appel est prévu pour le 30 mars.

Les intermittents, qui ne travaillent qu'en CDD, reçoivent en moyenne 40% de leurs revenus des Assedic. En 2003, la grève et l'annulation des festivals de l'été n'avaient pas permis d'empêcher une réforme qui, s'appliquant progressivement depuis deux ans, a exclu du régime quelque 30000 intermittents. Ces exclus doivent désormais subir la précarité de plein fouet, avec le RMI comme seul complément de revenu. Parmi ceux qui ont conservé leur allocation, 21000 d'entre eux ne l'ont gardée qu'en bénéficiant d'un fonds spécial alimenté par l'État.

Depuis 2003, le Medef et les syndicats signataires de l'accord (CFDT, CFE-CGC et CFTC) considéraient eux-mêmes que le texte devrait être rediscuté avant d'être pérennisé. Cette négociation commençant le 8 mars, au lendemain d'une journée anti-CPE très réussie, a probablement aidé à la mobilisation des intermittents ce jour-là. L'appel à la grève lancé par la CGT a rencontré un écho certain, notamment dans les théâtres publics où plusieurs représentations ont été annulées. Partout en France, les manifestations ont été des succès où alternaient les slogans dénonçant "les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère" et... "la culture qu'on enterre".

Sans doute, parmi les quelque 100000 intermittents qui travaillent en France sous ce statut, la grève est restée minoritaire. Beaucoup d'intermittents sont venus manifester sur leur temps de repos. C'est probablement pour les intermittents du secteur de l'audiovisuel, ou ceux employés dans les parcs d'attractions qu'il était le plus difficile de refuser de travailler ce jour-là. Cela est dû à leur statut précaire, mais aussi au fait que, dans ces grandes entreprises, ils ne représentent qu'une petite partie du personnel.

Peu d'intermittents osent réclamer ouvertement l'embauche en CDI. Pourtant, dans le contexte actuel, ceux qui sont en passe de perdre leurs droits à ce "régime spécial d'assurance chômage" seraient bien souvent contents de sortir de la précarité. Les discussions sur la suite à donner au mouvement s'orientent donc naturellement vers la coordination avec la lutte actuelle des jeunes contre le CPE et le CNE.

La proposition faite par le Medef le 8 mars, qui reprenait, parfois en l'empirant, le protocole de 2003, n'a pas obtenu la signature des syndicats. Une nouvelle séance est prévue pour le 31 mars, cette fois pour "vérifications et signature". Certains syndicats, comme en 2003, vont-ils signer? Les intermittents, eux, revendiquent toujours l'ouverture de leurs droits au régime spécial après 507 heures de travail sur 12 mois (comme c'était le cas avant 2003), ainsi qu'un mode de calcul plus juste, où chaque jour non travaillé serait rémunéré.

La fédération CGT Spectacle a déposé un préavis de grève reconductible à compter du 30 mars. Mais la lutte des jeunes contre le CPE et la journée de grève interprofessionnelle du 28 mars donnent aux intermittents l'occasion de devancer l'appel et de lier leur lutte à celle contre la précarité en général.

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