Football, capitalisme et prostitution23/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1964.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Football, capitalisme et prostitution

La prochaine coupe du monde de football doit avoir lieu en Allemagne du 9 juin au 9 juillet. 36 millions de spectateurs y sont attendus. Un gros marché pour l'hôtellerie, la restauration et... la prostitution. L'Allemagne, avec les Pays-Bas, sont les deux pays de l'Union européenne où la prostitution est légale, ainsi que le proxénétisme sous certaines conditions. Du moment que les employeurs paient leurs impôts et satisfont à certaines obligations, ils sont en règle.

Pourtant un problème s'est déjà posé: puisque, selon la loi, les prostituées sont devenues des salariées comme les autres et les proxénètes des patrons ordinaires, certains de ces derniers ont fort logiquement proposé des offres d'emplois dans les bureaux de chômage. Et il y a eu des cas où des femmes (l'une d'elles, par exemple, ayant signalé qu'elle était prête à travailler dans un bar, y compris la nuit) se sont vu proposer un emploi dans l'industrie du sexe.

Lorsqu'une chômeuse refusera une place qui correspondra à son "profil", risquera-t-elle de perdre ses allocations chômage?

Avec la prochaine coupe du monde, les employeurs-proxénètes estiment que le nombre habituel des prostituées sera très insuffisant. Il est donc question d'en faire venir 40000 de plus d'Europe centrale et d'Europe de l'Est, qui sont devenues, avec leur plongée dans la misère, la première source de femmes contraintes à la prostitution. Si les autorités allemandes et néerlandaises font comme si les prostituées étaient des salariées libres, travaillant librement pour leurs employeurs, elles ferment les yeux sur la traite massive des femmes qui fournit les bordels.

Et, pour loger les prostituées et leurs clients, un gigantesque complexe prostitutionnel a été construit à proximité du principal stade de Berlin. 650 clients masculins pourront y "oeuvrer" simultanément dans des cabines de prestation avec, disent les promoteurs, le souci de protéger leur anonymat.

L'avocat qui défend les intérêts de ce méga-bordel de 3000m² a déclaré que "le football et le sexe vont de pair".

Un point de vue que, jusqu'à présent, n'ont démenti ni le président de la Fifa, ni la Fédération allemande de football, ni les autorités allemandes et la chancelière Angela Merkel, ni les dirigeants des équipes nationales de football.

À l'échelle du monde, la prostitution génère des centaines de milliards de dollars (ou d'euros) de profits. Illégaux la plupart du temps, et légaux lorsque les États acceptent de la légaliser, au nom, prétendent-ils, de la lutte contre les mafias.

Le capitalisme, qui a su faire bon ménage, en son temps, avec l'esclavage, qui sait encore le faire avec le travail des enfants, qui n'a jamais répugné à ramasser ses profits dans la boue et le sang, n'a aucun scrupule, aujourd'hui, sous les traits d'un employeur respectable, à investir dans la prostitution, comme il le ferait dans l'électroménager ou les détergents. Quant aux États, qui ramassent les impôts de la prostitution, y compris dans des pays comme la France où le proxénétisme est illégal, ils se comportent eux aussi comme des proxénètes.

Il est vrai que le capitalisme, qui repose sur l'exploitation du plus grand nombre et trafique de tout, présuppose la pire des mentalités du proxénétisme.

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