Villepin refuse de reculer sur le CPE : Il faut que la pression de la rue l'oblige à retirer le CPE et le CNE!15/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1963.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Villepin refuse de reculer sur le CPE : Il faut que la pression de la rue l'oblige à retirer le CPE et le CNE!

Villepin a répondu, dimanche soir 12 mars à la télévision, aux centaines de milliers de salariés et d'étudiants qui réclamaient, le 7 mars, le retrait du contrat première embauche. La réponse est "non". La seule conclusion à en tirer, c'est qu'il faut que l'action continue jusqu'à ce que le CPE et le CNE soient retirés.

Les syndicats et les organisations étudiantes appellent à de nouvelles journées d'action le jeudi 16 mars et le samedi 18 mars. Il faut que ces journées réussissent et que les manifestations soient plus nombreuses encore que celles du 7 mars.

Depuis le 7 mars, la jeunesse scolarisée mène des actions pour ainsi dire jour après jour. Elle a raison. C'est la poursuite et l'amplification de l'action qui peuvent obliger le gouvernement à reculer. Même votée, une mauvaise loi peut être retirée sous la pression, dans la rue, de celles et ceux qui risquent d'en être les victimes.

Mais les salariés ont bien plus de raisons encore que les étudiants de rejeter ce nouveau contrat, qui ne créera pas un emploi de plus mais qui officialise la précarité en donnant aux patrons le droit de licencier le nouvel embauché, pendant deux ans, sans la moindre justification. Car, après le contrat nouvelles embauches, limité aux entreprises de moins de vingt salariés, le contrat première embauche concernant cette fois les moins de 26 ans est le deuxième ballon d'essai avant d'imposer le même type de contrat précaire à l'ensemble des salariés.

Bien sûr, le retrait du CPE ne fera pas disparaître tous les contrats précaires que les gouvernements, de gauche comme de droite, se sont ingéniés à inventer sous prétexte de combattre le chômage. Le chômage n'a cessé de s'aggraver. La prétendue baisse actuelle dont se vante le gouvernement est due aux seules manipulations statistiques. Le nombre réel de chômeurs dépasserait les quatre millions et représente 15% de la population active. Tous ces stages, tous ces TUC, CES, emplois-jeunes, etc., s'ajoutant à l'intérim et aux CDD, sans être un remède contre le chômage, ont en revanche privé une partie croissante du monde du travail même du peu de protection qu'offre le CDI.

L'État lui-même, au lieu d'embaucher aux postes indispensables dans les services publics, substitue de plus en plus aux emplois stables des auxiliaires, des contractuels et autres vacataires. Retirer le seul CPE ne mettrait pas fin à la généralisation de la précarité. Mais un succès sur cette question serait la démonstration qu'il est possible de faire reculer le gouvernement.

Bien au-delà du CPE, il est temps d'arrêter cette offensive que mènent le patronat et le gouvernement, main dans la main, pour aggraver la situation des travailleurs, pour augmenter la flexibilité et la précarité, pour abaisser les salaires, pour aggraver le rythme et la durée du travail, dans le seul but d'accroître le profit des grandes entreprises et les revenus de leurs actionnaires.

Bien au-delà même des contrats précaires, il y a la précarité de l'ensemble des travailleurs. Car la multiplication des licenciements collectifs par de grandes entreprises, y compris celles qui font du profit, rappelle que les CDI eux-mêmes ne constituent qu'une protection relative. Lorsque les patrons sentent que le rapport des forces leur est favorable, ils n'hésitent pas à fermer leurs entreprises, en délocalisant ou pas, à réduire leurs effectifs, quelle que soit la nature du contrat.

Tous les travailleurs sont des chômeurs et des précaires en puissance car ils sont tous sous la menace de licenciements collectifs. L'interdiction des licenciements collectifs et l'embauche de tous les précaires sont devenues deux objectifs vitaux pour le monde du travail.

Les travailleurs ne feront pas l'économie d'une lutte puissante, explosive et déterminée, capable de faire reculer le patronat en menaçant ses profits et sa fortune.

Il faut, en tout cas, faire en sorte que le gouvernement ait à regretter d'avoir, avec le CPE, tenté l'épreuve de force de trop!

Arlette LAGUILLER

Lutte Ouvrière appelle à toutes les manifestations organisées pour obtenir le retrait du CPE, notamment à celles du 16 mars et du 18 mars.

La manifestation du 18 mars à Paris, partira:à 14 h 30 place Denfert-Rochereau

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