Leur société

Sarkozy aux Antilles... à son deuxième essai!

À sa deuxième tentative, Sarkozy a finalement pu se rendre en Martinique et en Guadeloupe. On se souvient qu'en décembre dernier il avait dû reporter son voyage en raison des manifestations annoncées contre lui dans les deux îles.

Ce voyage s'annonçait alors juste après ses propos sur la "racaille" et le "nettoyage au Kärcher" des banlieues. Il y avait aussi, en vigueur à l'époque, la loi sur les "bienfaits de la colonisation". Tout cela avait suscité un mécontentement et des réactions hostiles contre la venue de Sarkozy aux Antilles.

Début mars, le contexte a changé: la loi sur les bienfaits du colonialisme a été abrogée, une journée nationale de commémoration des crimes de l'esclavage a été décrétée et sera célébrée le 10 mai de chaque année. Dans les cercles du pouvoir, on parle aussi de promouvoir des Noirs à des postes importants. Ainsi, une femme de Guadeloupe a été nommée préfet et un journaliste martiniquais remplacera Poivre-d'Arvor pendant les vacances sur TF1. Bref, même si elles ne sont que de la poudre aux yeux pour masquer les discriminations et l'exploitation des plus pauvres, ces mesures ont été de nature à apaiser un peu le mécontentement.

Sarkozy, quant à lui, avait bien préparé son deuxième essai. Il avait reçu de multiples associations antillaises dans l'émigration en France, il avait flatté certaines personnalités de ce milieu associatif en quête d'avancement social, il s'était prononcé en faveur d'une baisse des prix des billets d'avion entre les Antilles et la France. Il avait également reçu pratiquement tous les parlementaires de gauche et de droite des deux îles, les présidents des assemblées locales, indépendantistes ou PS, et publié une "lettre ouverte aux Antillais" avant sa venue.

Le terrain ayant été déminé, Sarkozy a pu cette fois y poser le pied. Il a pu obtenir un rendez-vous avec Aimé Césaire, qui l'a fait bien attendre avant de se décider à le recevoir. Sarkozy aura donc beaucoup transpiré pour parvenir à ce résultat.

Décidément, le temps n'est plus aux petits voyages ministériels d'antan sous les tropiques où, entre deux punchs, une biguine et une tape sur l'épaule, on se refaisait une image de "bienfaiteur" sinon de la "colonisation" mais au moins de la "colonie".

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