Nos lecteurs écrivent - Comau-France - Trappes (78) : Grève pour faire payer les licencieurs15/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1963.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent - Comau-France - Trappes (78) : Grève pour faire payer les licencieurs

Comau-France est la filiale française d'une société italienne appartenant à Fiat.

En France, Comau est le résultat de la fusion de deux sociétés, Renault Automation et Sciaky. Nous fabriquons des biens d'équipement pour Renault et Peugeot.

Après restructuration et plusieurs déménagements, seuls deux sites subsistent: Trappes (Yvelines) pour les services administratifs et techniques et Castres (Tarn) pour la fabrication.

Fin décembre 2005, la direction annonce 98 licenciements sur les 400 salariés de Trappes. Elle précise que l'usine de Castres et le service "ingénierie" de Trappes (150 salariés) ne seront pas touchés.

Tout de suite la riposte, à l'appel des syndicats CFDT et CGT, s'organise. Les objectifs sont de limiter les licenciements et ensuite d'obtenir les mêmes indemnités que lors d'un plan précédent, qui donnait 15000 euros minimum plus 800 euros par année d'ancienneté en plus des indemnités de licenciement conventionnelles.

Durant les trois mois de procédure, la tactique a été de décréter la grève totale à Trappes à chaque réunion du Comité central d'entreprise (CCE).

À l'appel des syndicats, les travailleurs se rassemblaient en assemblée générale, envahissaient la salle de réunion pour interpeller la direction, puis partaient en défilé dans tous les services.

Partout, les appels à la solidarité faisaient grossir le cortège des grévistes.

À l'ingénierie, il a fallu être plus persuasif car là les salariés ne se sentaient pas concernés. Les grévistes s'installaient dans les allées et tapaient sur les meubles métalliques. Le chahut était tel qu'ils s'arrêtaient de travailler et quittaient leur poste.

En tout, nous leur avons fait une vingtaine de visites.

Le premier résultat de nos actions a été de réduire le nombre des licenciements, qui peu à peu est passé de 98 à 70, soit 28 emplois de sauvés.

Ensuite nous avons obtenu des améliorations sur le contenu du plan social.

Restaient les indemnités. Le mot d'ordre de "non aux licenciements" est devenu "Fiat licencie, Fiat doit payer". Aussi, pour bien nous faire entendre, par trois fois nous sommes allés envahir le siège de Fiat, situé lui aussi à Trappes.

La colère et la détermination des grévistes étaient très fortes car la direction ne voulait donner que la moitié du plan précédent. Notre lutte s'est terminée par cinq jours de grève consécutifs et la direction a fini par lâcher 10000 euros minimum et 750 euros par année d'ancienneté.

Certains grévistes trouvaient cela insuffisant et parlaient d'occuper l'usine.

Mais, chacun ayant fait ses comptes et constaté que le gain individuel allait de 2000 à 10000 euros, la majorité de l'assemblée générale des grévistes décida d'accepter le compromis.

Toutes les actions ont été suivies par plus d'une centaine de travailleurs, soit environ 90% des salariés concernés par ce plan. Le sentiment général est que c'est notre lutte collective qui a contraint la direction à reculer et à payer.

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