Mauritanie : De nouvelles filières d'immigration clandestine plus meurtrières encore!15/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1963.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mauritanie : De nouvelles filières d'immigration clandestine plus meurtrières encore!

Il ne se passe pas de jour sans que l'on n'annonce la découverte de nouveaux cadavres d'immigrants clandestins d'Afrique ou du Maghreb, sur les côtes africaines ou européennes. Récemment, une cinquantaine de migrants originaires de l'Afrique subsaharienne ont péri noyés lors du naufrage de deux embarcations allant en direction des îles Canaries, l'une en provenance de Nouadhibou, en Mauritanie, et l'autre de Dakhla, au sud du Sahara Occidental.

Un premier bateau avait fait naufrage à cause d'une panne de moteur: sur les quarante-cinq clandestins, vingt-deux périrent noyés. Heurtée par un navire marocain, le second avait coulé à pic au milieu de l'océan: l'équipage du navire recueillait vingt survivants. Des hommes et des femmes qui venaient du Mali, du Nigeria, de la Côte-d'Ivoire, de la Guinée-Bissau avaient pour seul tort de fuir la faim, la misère, la répression ou la guerre civile de leur pays d'origine.

Des migrants clandestins prisonniersdes trafiquants

La Mauritanie est en passe de devenir le nouveau point de passage obligé pour tous les clandestins d'Afrique de l'Ouest qui souhaitent embarquer en direction de l'Europe, des côtes espagnoles, via les îles Canaries, compte tenu de la difficulté de rejoindre l'Europe par les circuits qui traversaient le désert du Sahara. Ces nouvelles filières d'immigration clandestine sont encore plus dangereuses, car elles suivent des parcours de plus en plus longs afin de contourner les barrières d'une Europe qui s'érige en forteresse contre les pauvres du Tiers Monde.

Ces migrants clandestins sont entre les mains de trafiquants sans scrupules, de mafias qui prospèrent dans les pays de départ, de transit, voire d'accueil. Ce trafic est tellement profitable que des mafieux n'hésitent pas à recruter directement les candidats au départ afin de mieux les spolier. À en croire les délégués locaux de la Croix-Rouge, Nouadhibou, au nord-ouest de la Mauritanie, compte aujourd'hui près de 10000 de ces candidats au départ! Autant d'hommes et de femmes prêts à s'embarquer sur des "cayucos", embarcations en bois très fragiles, pour franchir les mille kilomètres qui les séparent des Canaries, risquant ainsi leur vie pour 500, voire 1000 euros, prix du passage. Ce prix est trois fois moins élevé que ceux pratiqués par les trafiquants de la filière terrestre du Sahara, très attractif donc pour les nombreux migrants clandestins!

Entre octobre 2005 et aujourd'hui, selon un responsable du Croissant Rouge mauritanien, près de 1300 personnes ont ainsi perdu la vie en mer en essayant d'atteindre les Canaries. Car près de 40% des bateaux font naufrage!

Les barbelés ne peuvent résoudre le problème de la pauvreté

En accroissant son arsenal répressif, en y associant, pour surveiller les côtes, des pays comme la Libye de Khadafi ou le Maroc de Mohammed VI, les dirigeants européens n'empêchent pas le problème de l'immigration clandestine de se poser, même s'ils la rendent plus périlleuse. Et ce ne sont pas des mesures répressives, aussi sophistiquées soient-elles, qui feront tarir les flux migratoires qui plongent leurs racines dans le sous-développement, la pauvreté et la misère des peuples d'Afrique. Cette pauvreté est liée au pillage, passé et présent, des richesses du continent par les grands groupes européens! La fortune passée et la richesse actuelle de l'Europe ont été bâties, depuis des siècles, sur l'appropriation des richesses agricoles et minières et sur l'exploitation des masses rurales et urbaines du continent africain.

Tant qu'existent d'aussi criantes inégalités, tous les barbelés et toutes les barrières du monde ne pourront empêcher les vagues migratoires des pays pauvres vers les pays riches.

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