CPE-CNE : Quelques échos15/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1963.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CPE-CNE : Quelques échos

La Sorbonne à Paris est entrée dans la lutte plus tard que d'autres, le succès de la manifestation du 7 mars y a lancé le mouvement. Dès le 8, une AG votait la grève et l'occupation de la Sorbonne. Le lendemain, les CRS bloquaient la Sorbonne, attendant que les "occupants" s'épuisent. Pendant ce temps, les étudiants restés à l'extérieur se joignaient aux autres universités parisiennes. Vendredi 10 mars, les CRS bloquaient toujours les accès à la Sorbonne. Lorsqu'un cortège s'approcha, il fut accueilli à coup de matraques... mais les manifestants ont trouvé une fenêtre non gardée et 200 d'entre eux sont entrés dans la fac, notamment pour apporter à manger aux "occupants". C'est cette nuit-là que le gouvernement a décidé de faire évacuer les bâtiments, sans ménagement. Le 12 mars, une AG de 120 personnes a réuni membres du personnel administratif et technique, et enseignants. Beaucoup souhaitaient faire plus qu'un soutien moral aux étudiants, en se mettant en grève. C'est ce qui a été voté. L'évacuation musclée de la Sorbonne n'a refroidi personne.

La fac de Nanterre, partie en lutte parmi les premières en Île-de-France, était toujours bloquée, malgré les tensions, et l'opposition orchestrée par la droite universitaire. Le jeudi 9 mars, une assemblée générale a réuni 1300 personnes dont 500 étudiants opposés au mouvement, ce qui n'a pas empêché le vote majoritaire de la grève et le maintien du blocage. Le président de l'université a tenté d'organiser un référendum, pour ou contre la "reprise des enseignements". Les étudiants mobilisés, des professeurs en grève et des membres du personnel technique et administratif ont imposé l'annulation de ce référendum.

À Jussieu, après l'assemblée générale du lendemain de la manifestation du 7 mars, nous sommes allés en cortège distribuer des tracts à la Gare de Lyon. Puis, à 200, nous avons rejoint leur action qui avait lieu sur les Champs-Élysées. Le lundi 13, à 200, nous sommes partis en direction des lycées du 3e arrondissement de Paris et le cortège, renforcé par les lycéens de Sophie-Germain et de Charlemagne, s'est rendu au Quartier latin.

Au lycée de Jean-Jaurés de Montreuil (Seine-Saint-Denis), des assemblées générales se sont tenues. Le mouvement a démarré avec la manifestation du mardi 7 février: des élèves ont bloqué le lycée avant de manifester dans l'Est parisien avec d'autres lycées puis de se joindre à la manifestation des étudiants. Le vendredi 10 mars les lycéens ont rejoint les étudiants de Jussieu. Lundi 13 l'intervention de la police renforça la détermination des élèves, qui se retrouvèrent à 500 en assemblée générale à la mairie, pour ensuite envoyer des délégations dans les trois autres lycées de la ville. Mardi 14 de nouveau le lycée fut bloqué. Une assemblée générale a réuni 500 lycéens et des enseignants soutenant le mouvement.

À Nancy, le mouvement s'est développé sur le campus de Lettres et Sciences humaines le 7 mars. Lors d'une assemblée générale de plus de 300 personnes, la décision de la grève a été prise à la quasi-unanimité. Après le succès de la manifestation (près de 8000 personnes), les étudiants organisaient l'occupation et le blocage de la fac. L'assemblée du lendemain a rassemblé 1200 personnes. Certains ont exprimé leurs désaccords sur le blocage, mais en même temps leur opposition au CPE. Les interventions de professeurs solidaires du mouvement ont dissipé des appréhensions et la reconduction a été votée à la quasi-unanimité. Quotidiennement, un comité de mobilisation ouvert à tous regroupe de 100 à 150 personnes, et décide des initiatives pour étendre le mouvement. Les décisions importantes sont soumises à l'AG. Le campus de Lettres est devenu un centre d'un mouvement en sensible extension: l'École d'Architecture se mettait en grève, suivie par l'Institut régional des travailleurs sociaux et l'Institut européen de cinéma et d'audiovisuel, puis par la faculté de sciences et l'IUT de Nancy. Les lycéens sont très présents lors des manifestations.

À la faculté de Rennes 2, le vote sur le blocage ayant donné moitié-moitié dans une AG de 4000 personnes, le président de la fac a proposé un vote avec comptage, décision prise sans consulter les représentants des grévistes, qui l'ont informé qu'ils n'étaient pas contre un comptage, mais que c'était aux grévistes de l'organiser, s'ils le jugeaient utile. À l'assemblée de lundi, il y avait 5000 participants -la participation la plus importante depuis le début du mouvement. Cette assemblée a été l'occasion de commenter les propos de Villepin, jugé "minable". "Ses trois garanties, c'est du mépris", "il se présente comme un homme de dialogue après le 49-3 et l'intervention des flics!" La détermination des grévistes en est sortie renforcée, et un vote à 60% a décidé de continuer le blocage. Il a été décidé d'arrêter le vote organisé par le président de la fac, qui a reconnu la légitimité du vote des grévistes, résultat perçu comme une victoire. À la faculté de science, l'AG a réuni 1200 personnes, une très forte participation pour cette faculté. La manifestation de mardi 14 mars a rassemblé 5000 participants, surtout des lycéens.

À Lyon, la mobilisation dans les facultés se développe, avec 6000 jeunes, lycéens et étudiants, à la manifestation du 7 mars. Plusieurs centaines ont à nouveau manifesté le 9, puis le 14 mars. Les AG organisées à la faculté de Lettres et Sciences humaines regroupe de jour en jour un peu plus d'étudiants: 350 le 9, 400 le 13 et 500 le 14. Les étudiants cherchent à étendre le mouvement, par des prises de parole et des blocages d'amphithéâtres. Le siège local de l'UMP a été envahi et quelque peu chamboulé. À la fac de Sciences, le mouvement démarre, mais la dernière assemblée générale a rassemblé deux fois plus de monde que la précédente. Dans les lycées, la participation est encore modeste. Pour tous, l'objectif est la réussite des manifestations des 16 et 18 mars.

À Rouen, la manifestation du 13 mars a rassemblé 2500 étudiants et lycéens. Au Havre, l'AG a rassemblé 900 étudiants, dont plus de 600 ont voté la grève. La manifestation du 13 a rassemblé 3000 personnes.

À la fac d'Orléans, le 14 mars au matin, l'AG a réuni 460 étudiants en lettres. 380 ont voté la grève, et en fac de Sciences, 280 étudiants sur 360 l'ont voté, eux aussi. La manifestation a réuni 1200 jeunes moitié lycéens, moitié étudiants.

À Poitiers, une AG de 3000 à 4000 personnes s'est réunie le 14 mars. À Tours où les étudiants ont voté la grève pour toute la semaine, le président de la fac voulait un vote à bulletins secrets. Une large majorité des étudiants a rejeté la proposition.

À Amboise, plusieurs centaines de lycéens ont parcouru la ville.

À Limoges, les facs de Sciences et de Droit ont rejoint la fac de Lettres dans la grève le lundi 13 mars. Le 14, deux lycées étaient bloqués, dont un avec l'aval des enseignants et de la direction. La manifestation a rassemblé entre 2000 et 5000 personnes avec l'occupation, temporaire, de la Chambre patronale.

À Lille, le mouvement s'est élargi, le mardi 14 mars. 1900 étudiants votaient contre "la reprise des enseignements", alors que 900 votaient pour. La plupart des lycées classiques sont désormais en grève. Une manifestation de 2000 étudiants et lycéens partie de Lille, traversant la banlieue ouvrière de Fives, a fini devant le commissariat central, exigeant la libération d'un manifestant.

À Boulogne-sur-Mer, où les manifestations sont très fortes, un lycée est bloqué depuis le 9 mars, d'autres depuis le 13. Des manifestations ont lieu presque chaque jour.

Les lycéens de Lens et des environs participent activement au mouvement, qui a gagné l'IUT et la faculté. Les manifestations, là aussi, sont quasi quotidiennes. À Douai, des AG se sont tenues dans plusieurs lycées. À Valenciennes, la faculté a rejoint le mouvement.

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