Taxe sur les billets d’avion contre la pauvreté : Chirac ne fait pas recette02/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1961.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxe sur les billets d’avion contre la pauvreté : Chirac ne fait pas recette

Les représentants de 95 États, dont 65 ministres, se retrouvaient, mardi 28 février, à Paris pour débattre d'une taxe internationale sur les billets d'avion, destinée à lutter contre la pauvreté dans le monde.

Chirac avait lancé cette idée, soutenu par le Brésil, en 2002, et en a même fait adopter le principe en France. À partir du 1erjuillet, les billets pour des vols aériens vendus en France seront taxés d'un à quarante euros selon les destinations.

Globalement, même si 79 pays avaient donné leur accord de principe, la proposition peine à se concrétiser. Les États-Unis, n°1 du transport aérien, ne veulent pas en entendre parler. La Grande-Bretagne déclare que ses vols aériens sont suffisamment taxés comme cela. Au mieux, elle accepterait qu'une part de ses taxes actuelles soit attribuée à la lutte contre la pauvreté. À ce jour, outre la France, un seul pays s'est engagé à mettre en oeuvre cette taxe en 2006, le Chili. Et Chirac pense entraîner tout ou partie des États africains de la sphère d'influence française.

Dans ces conditions, la taxe rapportera entre 200 millions d'euros (recette attendue en France) et 400 millions d'euros. Cela pourrait servir à fournir des médicaments à destination du Tiers Monde, notamment pour lutter contre le sida, sans d'ailleurs pouvoir régler ce problème.

La mesurette de Chirac n'aura donc guère de conséquence, sinon de servir à sa publicité personnelle, ce qui est évidemment le vrai but recherché. Elle ne coûtera rien aux grandes puissances, à leurs grands trusts, alors qu'ils sont les responsables du sous-développement des pays du Tiers Monde. Historiquement c'est le pillage de ces pays par les trusts des grandes puissances impérialistes qui a entraîné le sous-développement. Et aujourd'hui encore, ce sont les pillages et les manoeuvres des trusts et des établissements financiers qui continuent à détériorer l'économie de ces pays et à plonger leurs populations dans la misère.

Bien sûr, toutes les instances de la bourgeoisie mondiale, l'ONU ou l'Union européenne, prétendent lutter contre la pauvreté et se disent inquiètes du manque d'infrastructures de santé dans ces pays; on l'entend à propos du sida ou de la grippe aviaire. Mais cette préoccupation affichée ne dépasse pas le stade des belles paroles. Les mêmes États qui disent qu'il faut lutter contre le sous-développement ne se gênent plus pour annoncer qu'ils n'ont pas d'argent à destiner à la lutte contre celui-ci. Et pour cause, la trésorerie des États riches va essentiellement au soutien de leurs grands groupes capitalistes. Et, comme il est évidemment hors de question pour les gouvernants de taxer ces groupes ou de taxer les grandes fortunes, il ne reste que des mesurettes comme cette proposition de taxe sur les billets d'avion, qui sauvera surtout... les apparences.

La France et le Brésil savent déjà que cette taxe ne suffira pas à régler le problème du sida dans le Tiers Monde, mais Chirac espère au moins se donner l'image d'un apôtre de la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, l'entourage du président français a déjà précisé que «cet argent servira à acheter des médicaments dans le cadre de contrats à long terme avec les industries pharmaceutiques», autrement dit, les autres bénéficiaires pourraient être... les laboratoires pharmaceutiques qui, ainsi, arrondiraient encore des profits déjà plus que plantureux.

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