Dans le monde

Guantanamo : Libération... des noms de prisonniers

Le Pentagone a annoncé qu'il allait publier l'identité de prisonniers détenus sur la base américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba. Cela devrait au moins permettre de savoir qui sont les hommes détenus au secret, livrés à l'arbitraire de la soldatesque américaine depuis quatre ans, c'est-à-dire aux interrogatoires, à l'isolement, aux tortures.

Aujourd'hui, ils sont encore 490 prisonniers internés dans ce centre de détention échappant à toute juridiction. Ils sont considérés par l'administration américaine comme des «ennemis combattants» et n'ont aucun droit, même pas ceux, pourtant limités, liés au statut de prisonnier de guerre, tels qu'ils sont fixés par les conventions internationales.

C'est après l'attentat du 11septembre 2001 contre les tours jumelles de New York et la guerre menée par l'armée américaine en Afghanistan sous prétexte de mettre la main sur Ben Laden, que le camp a été créé et doté d'un statut d'exception. Il y eut jusqu'à 700 hommes détenus dans ces conditions et ce n'est que depuis l'été 2004 que le recours à des tribunaux américains a été en théorie autorisé. Et depuis fin janvier, la décision judiciaire de publier les noms -refusée dans un premier temps par le Pentagone- ne concerne même pas tous les prisonniers, mais seulement 317 sur 490.

Bush ne fait ainsi que céder un peu devant le scandale soulevé, y compris aux États-Unis, par la persistance de la situation de non-droit que constitue l'existence de ce camp. Pour limitée que soit la portée de cette décision, elle met partiellement fin à une situation par laquelle, comme le déclare un universitaire américain, «le gouvernement (Bush) a cherché à faire de Guantanamo un trou noir», dans lequel régnait la seule loi des soudards, qui inclut de hauts gradés, comme ce général américain Geoffrey Miller, qui dirigeait la prison de Guantanamo avant d'être muté en Irak, à la direction de la prison d'Abou Ghraib, et dont les agissements ont été révélés par les médias.

Mais après cette décision, combien de temps l'arbitraire continuera-t-il encore de régner à Guantanamo? Et pour une prison à l'intérieur de laquelle un peu de lumière sera faite, combien d'autres restent cachées? En Afghanistan, à soixante kilomètres de Kaboul, la base américaine de Bagram est un nouveau centre de détention particulièrement inhumain. D'autres seraient en construction, dans ce pays comme en Irak, tant il est vrai qu'après avoir apporté la guerre, les destructions, la misère et la faim, la prétendue civilisation de grandes puissances comme les États-Unis apporte aux peuples qu'elle assassine les prisons où l'on torture dans le secret.

Partager