Égalité hommes-femmes : Deux boulots, et plus de précarité02/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1961.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Égalité hommes-femmes : Deux boulots, et plus de précarité

Mettant à profit le vote d'une loi censée apporter une égalité salariale entre hommes et femmes, le gouvernement a introduit une extension des cas où les patrons peuvent avoir recours à une société d'intérim. Les employeurs y seront autorisés «lorsque la mission de travail temporaire vise à assurer un complément d'activité (...)». Autrement dit, lorsqu'il s'agira d'embaucher des salariés voulant compléter la paie minable d'un travail à temps partiel... ce qui concerne en majorité des femmes.

Le gouvernement voudrait ainsi faire croire qu'il se penche sur le sort de toutes celles qui se voient imposer le temps partiel. Villepin évoque le sort de «nombreuses personnes travaillant à temps partiel, et notamment des femmes» qui «souhaitent augmenter leur temps de travail afin d'accroître leurs revenus.» «La multiplication de contrats de travail avec différents employeurs, ajoute-t-il, peut constituer un obstacle au développement d'activités complémentaires». Il décerne un brevet de bonne conduite aux sociétés d'intérim qui, selon lui, seraient expertes pour gérer «plusieurs relations de travail simultanées».

En réalité, si une telle pratique se répand, la combinaison d'un premier contrat à temps partiel avec un deuxième en intérim, cela signifierait être obligée de courir d'un lieu de travail à l'autre. De plus, ce serait un «gisement d'emplois», donc une bonne aubaine pour les sociétés d'intérim qui se développent grâce à l'extension de la précarité du travail. Les conditions de vie connaîtraient une nouvelle dégradation, davantage encore pour les femmes qui récoltent le plus souvent des bas salaires, souvent inférieurs au smic, liés à un temps partiel non choisi. C'est le cas dans la grande distribution, où 11% des hommes et 56% des femmes travaillent à temps partiel.

Un gouvernement qui voudrait s'attaquer sérieusement au problème contraindrait les patrons à embaucher à plein temps toutes celles et tous ceux qui le veulent. Mais ce n'est évidemment le cas ni du gouvernement actuel, ni de ceux qui l'ont précédé, alors que le nombre de salariées à temps partiel est passé de 8% au début des années quatre-vingt à 17% aujourd'hui.

Profitant du fait que le gouvernement a introduit cette mesure à la sauvette, la députée socialiste Catherine Génisson a déposé un recours pour vice de forme contre ce texte «contre-productif et injuste socialement». On pourrait applaudir si la même Catherine Génisson n'avait déjà donné son nom à une loi, votée en mai 2001. Inefficace pour contraindre les patrons à augmenter les salaires des femmes, elle avait servi de prétexte pour une attaque, bien réelle, contre le Code du travail. C'est en effet cette loi Génisson «relative à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes» qui, par un amendement du gouvernement Jospin, avait levé l'interdiction du travail de nuit des femmes, annulant ainsi une disposition datant de 1892.

Au Parlement, les discriminations envers les femmes ne donnent lieu qu'à des déclarations de salon sans effets positifs. Mais parfois on constate que les grandes déclarations sur l'égalité des sexes ont donné le feu vert aux patrons pour remettre en cause la situation des travailleuses.

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