Leur société

Eau : Une gestion privée chère et opaque

Par l'intermédiaire de leur syndicat patronal, les trois distributeurs privés d'eau, Véolia, la Lyonnaise des Eaux et la SAUR, ont contesté la récente enquête de Que Choisir qui conclut à «une surfacturation scandaleuse dans les grandes villes».

Les trusts de l'eau contestent la méthode utilisée dans l'enquête de l'association de consommateurs pour calculer le coût réel du service, confronté à la facture payée par l'usager.

Il n'est pas exclu que certains cas mis en évidence par Que Choisir ne soient pas généralisables. Mais à qui la faute? Que Choisir déclare avoir épluché les rapports que les sociétés fournissent chaque année aux mairies dont elles gèrent l'eau. Or, premier constat de cette enquête, «l'opacité règne toujours. La présentation des comptes ne suit aucune règle comptable». Les rapports annuels sont pour le moins incomplets, certains d'entre eux n'indiquent pas la marge bénéficiaire réalisée et occultent les éléments qui permettraient à des non-spécialistes de la reconstituer. Par exemple, dans le cas de la communauté urbaine de Bordeaux, la Lyonnaise des Eaux a déclaré une marge de 9,1%; un cabinet d'expertise a établi qu'elle se monte en réalité à 15,6%. De plus, à Bordeaux, de nombreuses prestations comme la fourniture et la pose de compteurs, certains déplacements de canalisations et des extensions de réseaux sont facturés hors contrat, ce qui «prive la communauté urbaine d'une connaissance du niveau de marge réalisé sur ces opérations».

Les efforts des associations de consommateurs pour lever ne serait-ce qu'une partie du voile sur les comptes des distributeurs d'eau sont donc salutaires, même s'ils n'arrivent pas à lever en totalité le secret des comptes internes de ces sociétés, mais aussi la teneur des contrats qui les lient aux élus locaux, notamment en Île-de-France.

D'ailleurs, les données fournies par les trusts eux-mêmes, non pas aux associations de consommateurs mais à la presse financière, confirment à quel point les contrats conclus avec les collectivités locales, en France ou à l'échelle internationale, constituent des affaires juteuses. Ainsi, Véolia confirme ses objectifs d'une augmentation du résultat opérationnel annuel de 10% tandis que Suez a annoncé le 19 janvier une augmentation du dividende net de 15% par action. Ces bénéfices ont bien jailli de quelque part. Ils constituent un gaspillage aux dépens des usagers et des contribuables locaux qu'un service public de l'eau, organisé à l'échelle de tout le pays et totalement transparent, permettrait d'éviter.

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