Villepin-Sarkozyet l'état d'urgence : Solution se prononce répression10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Villepin-Sarkozyet l'état d'urgence : Solution se prononce répression

La loi du 3 avril 1955, à laquelle le gouvernement vient d'avoir recours pour, dit-il, répondre à la flambée de violence dans les banlieues, a été promulguée au début de la guerre d'Algérie. Après la déclaration de l'état d'urgence en Conseil des ministres, elle donnait -et donne toujours- pouvoir aux préfets "d'interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté; d'instituer, par arrêté, des zones (...) où le séjour des personnes est réglementé; d'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics".

Quelques mois après l'insurrection des nationalistes algériens, le 1er novembre 1954, qui marqua le début de la guerre d'indépendance de l'Algérie, la promulgation de l'état d'urgence en avril 1955 (par le gouvernement du radical Edgar Faure) signifia un pas supplémentaire dans la répression contre les Algériens, y compris en France. En septembre 1958, à Paris et dans la région parisienne (dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise, à l'époque) ainsi que dans le département du Rhône, cette loi permit l'instauration d'un couvre-feu contre tous les "Nord-Africains" par le gouvernement de Gaulle (pourtant les Algériens étaient considérés comme français).

En octobre 1961, également en vertu de la même loi, le préfet de Paris Maurice Papon, instaurait un couvre-feu qui ne s'appliquait qu'à ceux que le gouvernement désignait alors comme les "Français musulmans d'Algérie". Contre ce couvre-feu, les Algériens manifestèrent le 17 octobre 1961 au soir, tandis que la police, à laquelle le préfet Papon avait donné carte blanche, se déchaînait, faisant de nombreux morts et encore plus de blessés, y compris graves, parmi les manifestants.

Cette loi fut également utilisée contre les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, qui contestaient le résultat des élections territoriales de novembre 1984. À la suite de manifestations importantes et de la répression qui fit plusieurs morts dans les rangs des indépendantistes, l'état d'urgence était proclamé et le couvre-feu instauré en janvier 1985 sur l'ensemble du territoire de Nouvelle-Calédonie. Il ne fut levé qu'au mois de juin suivant, peu avant le référendum d'autodétermination prévu en juillet 1985.

En ayant recours aujourd'hui à cette loi sur l'état d'urgence, Villepin et Sarkozy annoncent la couleur. Sarkozy se félicitait, au moment de recevoir les préfets, d'avoir "maintenant la possibilité d'être encore plus efficaces". Efficaces? Voire. En tout cas, certainement pas pour la résolution des problèmes qu'exprime l'explosion de colère actuelle.

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