Précarité et licenciements en augmentation10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Précarité et licenciements en augmentation

Les chiffres publiés par le ministère de l'Éducation nationale font état d'une baisse importante du nombre d'enseignants ayant un statut précaire. Ce serait paraît-il la conséquence d'une "bonne gestion" du personnel. Dans la réalité, cette "déprécarisation" (pour employer le jargon de l'administration) se fait essentiellement par des licenciements et elle est synonyme de chômage.

En 2003, ils étaient 43400, répartis entre maîtres auxiliaires, contractuels et vacataires. Ils sont 24300 cette année. En deux ans donc, près de la moitié d'entre eux ont perdu leur emploi puisque très peu d'entre eux ont été titularisés. Les seuls à être un peu protégés, les maîtres auxiliaires, ne sont plus que 2700. Aucune nouvelle embauche ne se fait avec ce statut, qui offrait aux non-titulaires une garantie de réembauche leur permettant ainsi d'acquérir une ancienneté suffisante pour être éventuellement titularisés. Mais si le ministère "résorbe" ainsi l'auxiliariat, cela ne veut pas dire qu'il en finit avec les emplois précaires. Au contraire, pour les non-titulaires qui restent, la situation se dégrade.

Le nombre de contractuels est en chute libre. Ces enseignants, embauchés sur une année scolaire, bénéficient des congés payés et ils peuvent s'inscrire au chômage en cas de perte d'emploi. Or, à cette rentrée, il n'a été créé que 6009 postes à temps plein, contre 23258 il y a trois ans. Tous les contractuels n'ont pas eu droit à un plein temps: à bon nombre d'entre eux, l'Éducation nationale n'a laissé le choix qu'entre un emploi à temps partiel, avec un salaire tout aussi partiel, et le chômage. D'autres, pour éviter le chômage, ont accepté de devenir vacataires, avec la fallacieuse promesse d'être un jour réembauchés au statut précédent, ce qui a peu de chances de se réaliser, vu la baisse constante des effectifs.

Les vacataires sont une quinzaine de milliers, sur l'équivalent de 2600 postes à temps plein. Ils sont embauchés pour effectuer 200 heures d'enseignement, qui correspondent environ à onze semaines de cours. À la fin de ces 200 heures, l'Éducation nationale leur propose, dans le meilleur des cas, une autre vacation dans un autre établissement, sinon elle les renvoie sans indemnités ni possibilité de s'inscrire au chômage! Et on peut en arriver à des situations aberrantes où des élèves, dont le professeur est absent pendant une année scolaire, auront trois remplaçants successifs, tandis que le vacataire occupera trois postes différents (à condition qu'il ait du travail toute l'année)!

Des licenciements déguisés, des enseignants précaires, sans protection sociale, qui servent de bouche-trou sans tenir compte de l'intérêt des élèves, c'est sans doute la conception qu'a le ministère de l'Éducation d'une "bonne gestion" du personnel...

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