L'ouverture du capital d'EDF et ses conséquences10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

L'ouverture du capital d'EDF et ses conséquences

La direction d'EDF prépare activement la mise sur le marché des actions représentant 15% du capital de l'entreprise. On pourrait penser que 15% c'est très peu et que, pour l'essentiel, EDF demeurera une entreprise publique. Mais en réalité, dès avant l'ouverture du capital, EDF, de même que GDF, ont commencé à obéir à une logique de marché et de profit.

Pendant les décennies précédentes EDF-GDF (puisqu'elles étaient alors liées) avaient fonctionné comme un service public, en fait beaucoup au service du patronat. Les usagers particuliers payaient relativement cher alors que les gros industriels avaient l'électricité et le gaz pour presque rien. Dans ces conditions EDF-GDF ne faisaient guère de profits, acceptant de se laisser "tondre" par le patronat et de payer les énormes intérêts des emprunts contractés pour construire les centrales nucléaires. EDF-GDF aidait le patronat par des tarifs de faveur, en passant de grosses commandes de matériel et d'équipement et en remboursant les organismes financiers prêteurs.

Mais à partir du moment où le marché a été ouvert à la concurrence -et cela avant même l'annonce de l'ouverture du capital- GDF et EDF, qui ont été alors séparées, ont commencé à rechercher des placements spéculatifs à l'étranger afin de réaliser des bénéfices destinés à leurs futurs actionnaires.

Ainsi Gaz de France annonce 1,5 milliard d'euros de bénéfices à la fin de cette année, alors qu'elle impose une augmentation de ses tarifs. Quant à EDF, elle a déjà augmenté considérablement ses prix pour les gros consommateurs dans le secteur livré à la concurrence, en attendant de pouvoir le faire pour les particuliers lorsque leur tour viendra.

Cela fait donc déjà quelques années qu'EDF et GDF se sont mises à fonctionner comme n'importe quelle entreprise capitaliste. Le fait que l'État détienne encore 85% du capital d'EDF n'y change strictement rien. Et il n'est pas dit que l'ouverture du capital reste limitée à 15%.

Quel est le risque pour les usagers? Il est simple: que les tarifs se remettent à augmenter. Car il faut tout de même rappeler que durant quelques années les tarifs de l'électricité -et parfois même du gaz d'ailleurs- s'étaient mis à baisser régulièrement. Ce qui a arrêté ces baisses, a été les achats spéculatifs d'EDF à l'étranger, l'ouverture du marché et aujourd'hui l'ouverture du capital.

Pour les travailleurs, les conditions de travail qui ne cessent de se dégrader depuis des années, vont encore empirer. Et enfin il y a des risques pour la sécurité, le secteur nucléaire en particulier ne faisant pas bon ménage avec la recherche du profit.

Mardi 8 novembre, la CGT et FO avaient appelé à une journée de protestation, la CFDT ayant refusé de s'y associer. Cette journée a été peu suivie. Pour la plupart des salariés d'EDF les jeux sont malheureusement faits depuis plusieurs mois. Les travailleurs d'EDF et GDF ont répondu présents lors de la grande mobilisation d'il y a trois ans, puis, à nouveau, bien que de manière plus limitée, l'an dernier à l'occasion du changement de statut. Mais les directions syndicales, celle de la CGT en particulier qui est majoritaire à elle seule, n'ont pas utilisé la combativité des travailleurs comme ils auraient pu et dû le faire, n'hésitant pas, il y a trois ans, à se montrer prêts à brader leurs retraites et, l'an dernier, à condamner certaines actions des grévistes.

Mais si cela juge la politique des directions syndicales, cela ne signifie pas que les salariés d'EDF aient dit leur dernier mot.

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