Le rejet des pauvres10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le rejet des pauvres

"Faillite du modèle français d'intégration", c'est le semblant d'explication que bien des hommes politiques et beaucoup de journalistes donnent aux violences de ces dernières nuits. Les jeunes de banlieue brûleraient des voitures et des écoles parce que issus de l'immigration, ils ne sont pas "intégrés dans la société française"...

Dans tous les pays et depuis le début du capitalisme, la partie la plus pauvre et la plus exploitée de la classe travailleuse a presque toujours été abandonnée à elle-même, entassée dans des quartiers dont elle n'avait pas les moyens financiers de sortir, victime de tous les préjugés et soumise à la loi des mafias. La hausse du niveau de vie, la résorption partielle de la crise du logement, ne se sont vraiment réalisés que pendant quelques années, entre les années cinquante et soixante-dix, et dans quelques pays, dont la France. Cela n'a d'ailleurs été possible que grâce, entre autres, à l'arrivée constante de travailleurs immigrés, alors jeunes et obligatoirement célibataires et spécialement recrutés pour effectuer les travaux les plus pénibles et plus mal payés.

Aussi, depuis toujours, la bourgeoisie et ses hommes de plume ont considéré la pauvreté comme une tare, et les pauvres comme des corps étrangers, "non intégrés" dans la société. C'est bien de cette "non-intégration"-là, nouveau nom pour la misère et la haine de classe, qu'il est question aujourd'hui. La couleur de peau, le poids supposé des différentes religions, les préjugés de toute nature ne font, pour l'instant, que se surajouter au problème social. Ils n'en sont pas la cause principale.

Cette "non-intégration" dont nous parlent les médias, c'est, concrètement, la situation d'une partie de plus en plus grande du monde du travail.

Le mouvement ouvrier, les partis politiques de gauche, les syndicats doivent offrir à cette jeunesse une véritable solidarité qui donne un débouché à sa colère. Les animateurs sociaux rétribués ne remplaceront jamais cela. Le mouvement ouvrier dispose de volontaires. Il y en a qui se consacrent à offrir des vacances aux plus jeunes comme le Secours Populaire. Si les directions politiques ou syndicales le voulaient, il pourrait y en avoir plus. Il ne s'agit pas de faire la charité mais dès le plus jeune âge, d'offrir toute l'année un milieu culturel qui enseigne la fraternité et la solidarité sociale.

Partager