Irak: "Pétrole contre nourriture" : Corrompus et corrupteurs, comme larrons en foire10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak: "Pétrole contre nourriture" : Corrompus et corrupteurs, comme larrons en foire

Après avoir mis en cause des anciens ministres et, récemment, deux anciens diplomates pour avoir bénéficié des largesses du dictateur irakien Saddam Hussein, c'est au tour d'entreprises françaises comme Total, Peugeot, Renault Véhicules Industriels d'être épinglées par la commission Volker de l'ONU.

Elles sont accusées d'avoir versé des dessous-de-table au dictateur irakien pour décrocher des marchés dans le cadre du programme "Pétrole contre nourriture", entre 1996 et 2003. Corrupteurs et corrompus ont pu ainsi empocher des milliards de dollars.

Le programme appelé "Pétrole contre nourriture" avait été mis en place par l'ONU en 1996 afin d'atténuer les conséquences dramatiques de l'embargo contre l'Irak, instauré en 1990 suite à la première guerre du Golfe, embargo qui n'était ni une calamité naturelle ni le choix du dictateur irakien, mais une décision imposée par le président Bush, père de ce Bush qui sévit aujourd'hui à la tête des États-Unis. L'ONU s'était associée à cet embargo. La dictature irakienne s'en était accommodée et la victime en fut le peuple irakien. L'ONU, en 1996, atténuant son attitude, donna le coup d'envoi au programme "Pétrole contre nourriture" qui, sous son contrôle, autorisait l'Irak à vendre du pétrole contre des biens de première nécessité. Ce programme a permis de soulager en partie les souffrances de la population. Mais ce sont surtout les hiérarques du régime et l'entourage proche du dictateur qui en ont profité.

En principe, l'ONU gérait les fonds résultant des ventes autorisées. Mais comme Saddam Hussein gardait la prérogative de choisir les entreprises avec lesquelles l'Irak pouvait commercer, un vaste système de corruption se mit alors en place. Et pour avoir le droit de décrocher des contrats, les multinationales versèrent des dessous-de-table à Saddam Hussein, d'une valeur de 10% de leurs contrats. Elles gonflaient ensuite la note et récupéraient très vite leur mise, faisant des profits substantiels, tandis que Saddam Hussein et sa clique prélevaient leur dîme. Ainsi un géant de l'agriculture australien a récupéré 2,3 milliards de dollars sur la vente de 7 millions de tonnes de blé à l'Irak, contre un pot-de-vin de 222 millions de dollars à Saddam Hussein.

Pour pénétrer en Irak, les grands groupes français ont bénéficié des relations privilégiées qui avaient été tissées entre certains hommes politiques de droite et la dictature irakienne depuis les années 1970. La commission Volker a, entre autres, mis en cause les pratiques de Total, Peugeot et Renault Véhicules Industriels. Ces entreprises ont toutes versé des pots-de-vin importants pour vendre, qui des ambulances, qui des voitures blindées, qui des camions et autres engins de levage. Sur les 440 entreprises françaises ayant participé au programme, près de 180 sont accusées de corruption!

Ces groupes industriels français se défendent aujourd'hui en affirmant qu'ils n'étaient pas au courant. Pourtant le plus grand scandale de toute cette affaire, ce n'est pas tant les corrompus que les corrupteurs eux-mêmes. Car après avoir détruit toutes les infrastructures de l'Irak en lui faisant la guerre, et imposé un embargo à son peuple, les alliés dans la première guerre du Golfe, dont la France de Mitterrand, rappelons-le, ont ouvert la voie à des entreprises comme Total ou Peugeot, qui ont largement profité de la situation et ramassé le pactole. Voilà ce qui a permis aux actionnaires des grandes multinationales et au clan au pouvoir en Irak de s'enrichir sur la peau du peuple irakien.

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