Arlette Laguiller au gymnase Japy : Des crédits à l'Éducation nationale, plutôt que des cadeaux aux patrons !10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Arlette Laguiller au gymnase Japy : Des crédits à l'Éducation nationale, plutôt que des cadeaux aux patrons !

Arlette Laguiller a pris la parole le 8 novembre au meeting du gymnase Japy, à Paris, contre la privatisation de l'EDF, meeting dont Lutte ouvrière était l'un des co-organisateurs.Dans le contexte actuel, notre camarade a naturellement consacré une partie de son intervention au rôle que l'Éducation nationale pourrait jouer vis-à-vis des jeunes des banlieues, et à la nécessité d'une contre-offensive de l'ensemble de la classe ouvrière pour imposer un changement de politique.

"On nous parle d'intégration de la jeunesse des quartiers populaires. Chirac a même osé parler "d'égalité des chances"! Mais, dans les cités populaires, où les familles viennent de dizaines et de dizaines de pays différents, les parents n'ont pas les moyens ni matériels ni culturels de transmettre même un minimum d'éducation, savoir lire, écrire et parler correctement. Cela constitue pourtant une condition élémentaire de toute intégration. Ce serait à l'État d'assumer sa responsabilité. Ce serait à l'État d'embaucher et de former des enseignants en nombre suffisant, à commencer dans les écoles maternelles et les écoles primaires. II faudrait des effectifs d'élèves peu nombreux, une douzaine par enseignant, pour qu'ils puissent faire correctement leur travail et que les enfants puissent trouver à l'école ce qu'ils ne peuvent pas trouver dans leur milieu familial. Faute de ce minimum, les enfants des pauvres n'ont aucune chance de surmonter le handicap qui est le leur dès leur petite enfance (...).

II y a, dans ce pays, des dizaines de milliers de jeunes, Bac + 2, Bac + 3, ou avec des diplômes universitaires complets, qui ne trouvent pas de travail mais qui pourraient se consacrer à éduquer ces jeunes et être formés pour cela. Mais non! L'Éducation nationale se débarrasse même des auxiliaires et des vacataires qui ont des années d'expérience.

L'État ne veut pas consacrer d'argent à tout cela. Il préfère faire des cadeaux fiscaux aux PDG des grandes sociétés. Combien d'instituteurs supplémentaires pourrait-on payer rien qu'avec ce que les récents allégements sur l'impôt sur la fortune rapportent au PDG de Total ou à l'ex-PDG de Carrefour et à quelques autres du même acabit?

Et on s'étonne après que les jeunes de banlieue, jusqu'aux enfants, aient perdu toute notion de solidarité, tout sens social et que, pour s'exprimer, ils s'adonnent à cette violence stérile, dont les principales victimes sont leurs propres parents ou leurs proches!

Tout cela, les privatisations, l'abdication de l'État dans le domaine des services qui devraient être publics, fait partie d'un tout (...) ou est la conséquence indirecte d'une offensive générale du grand patronat et de la bourgeoisie (...).

Alors, je crois qu'il faudrait que tous les militants, que tous ceux qui ont à coeur les intérêts des travailleurs, oeuvrent par-delà leurs différences et leurs divergences à préparer une contre-offensive du monde du travail. Parce que la lutte est le seul moyen que nous, les travailleurs, nous avons de nous faire craindre et de faire reculer et le gouvernement et tous ceux qui nous exploitent.

Bien des luttes, ces dernières semaines, comme celles des travailleurs de la SNCM ou de la RTM, à Marseille, même si elles n'ont pas été victorieuses, ont montré la détermination de ceux qui les ont menées. Ils n'auraient pas dû rester seuls (...).

Chaque journée d'action devrait avoir une suite, annoncée par avance et à brève échéance. Personne ne peut être naïf au point de croire qu'un appel à la grève générale illimitée puisse marcher d'un seul coup. Mais il faut que les travailleurs sachent que c'est cela, l'objectif, c'est cela qui se prépare à travers chaque journée d'action. Il faudrait un plan de lutte, clairement annoncé, pour mobiliser, de journée en journée, de plus en plus de travailleurs. Il faut que les plus déterminés aient l'occasion et la possibilité d'entraîner ceux qui, aujourd'hui, hésitent encore (...).

Alors, camarades, j'espère, je souhaite que nous nous retrouvions côte à côte dans la mobilisation. Pour ma part, quelles que soient les difficultés, réelles, d'aujourd'hui, j'ai confiance dans les capacités des travailleurs à changer le rapport de forces en leur faveur!"

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