Gaz, pétrole et arnaque03/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1944.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gaz, pétrole et arnaque

Si le prix du gaz augmente en France, c'est pour deux raisons. La première c'est qu'il augmente à l'échelle internationale alors que la France achète 95% de son gaz à l'étranger. La seconde, c'est que Gaz de France, qui achète sur le marché mondial pour revendre aux consommateurs français (industriels et particuliers), fait plus que répercuter les hausses et se " sucre " au passage.

Mais pourquoi le gaz naturel augmente-t-il sur le marché mondial, alors qu'il n'y a strictement aucun problème d'approvisionnement ? Cela vient d'une décision des grandes compagnies pétrolo-gazières (car ce sont les mêmes qui extraient et transportent ces deux sources d'énergies).

À la suite du " premier choc pétrolier ", après 1973, où les compagnies en question, les " majors ", ont provoqué une hausse spectaculaire du prix du pétrole, elles ont décidé que le prix du gaz serait indexé sur celui du pétrole.

Pourquoi ? Tout simplement parce que si le gaz était resté bon marché avec un pétrole très cher, une partie des consommateurs se serait détournée du pétrole. Le chauffage au fioul aurait systématiquement été remplacé par du chauffage au gaz, même chose pour les centrales thermiques. Et pour les carburants des autos, des camions et du matériel agricole, on aurait cherché à mettre au point des moteurs fonctionnant au gaz, comme il en existe d'ailleurs avec le GPL, lequel ne représente pour le moment qu'un secteur marginal.

Cet accord entre les " majors " a très bien fonctionné, et les prix du gaz ont toujours fluctué comme ceux du pétrole, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Quant aux compagnies d'État, comme Gazprom en Russie, Statoil en Norvège, ou la Sonatrach en Algérie, elles étaient évidemment ravies de l'aubaine et se sont alignées sur ce règlement imposé par les " majors ". Mais il est bien évident que si les " majors " avaient décidé une politique de gaz bon marché, les Gazprom et autres auraient bien été obligés de s'aligner sous peine de perdre leurs clients.

En définitive ce sont les supertrusts des hydrocrabures qui font la loi, aussi bien pour le pétrole que pour le gaz.

Dans cette situation, Gaz de France a beau jeu de clamer qu'elle n'est pour rien dans la hausse internationale, et qu'elle ne peut faire autrement que de la répercuter. Sauf qu'elle la répercute en y ajoutant sa part, d'où les coquets bénéfices de GDF.

Et puis il existe tout de même une " major " française, c'est Total. Total produit du gaz (notamment sous dictature, en Birmanie...) et elle en vend autant, dans le monde entier, que la consommation française. Alors pourquoi ne pas taxer les bénéfices de Total sur le gaz de façon à annuler la hausse pour les consommateurs. Certes Total n'est pas le seul voleur, ni même le plus gros, mais lorsqu'on en tient un pourquoi ne pas lui faire rendre gorge ? La tolérance zéro, c'est seulement pour les petits voleurs de banlieue, et pas pour les mégavoleurs qui ont pignon sur avenue et qui mettent en coupe réglée le monde entier ?

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