Jeunes scolarisés sans papiers : Non aux expulsions! Régularisation!02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Jeunes scolarisés sans papiers : Non aux expulsions! Régularisation!

Mercredi 1er juin, ont été organisés dans un grand nombre de villes des rassemblements de soutien aux jeunes scolarisés sans papiers et menacés d'expulsion, à l'appel de «Réseau éducation sans frontières» qui regroupe soixante-dix organisations, dont des collectifs de sans-papiers, des syndicats enseignants ou encore la Ligue des droits de l'homme.

Il y a en effet dans ce pays plusieurs milliers d'enfants, d'adolescents et de tout jeunes majeurs sans papiers menacés d'expulsion parce qu'ils sont étrangers. Les situations sont très diverses. Certains sont des enfants de sans-papiers. D'autres ont été poussés par leur famille à s'expatrier pour fuir une guerre ou dans l'espoir de suivre des études et d'avoir une vie meilleure. D'autres encore ont au moins un parent français, mais sont nés à l'étranger et doivent donc posséder un titre de séjour à renouveler.

Les étrangers ne sont pas tenus d'avoir un titre de séjour avant l'âge de 18 ans. Un mineur étranger, en théorie, ne peut donc jamais être considéré comme étant en situation irrégulière, ni être éloigné du territoire, sauf si les parents sont eux-mêmes sans papiers: dans ce cas, même de tout jeunes enfants peuvent faire l'objet d'une expulsion avec leurs parents.

Mais en fait, la plupart des véritables situations d'urgence se manifestent au moment où ces jeunes atteignent l'âge de la majorité; ils doivent alors faire des démarches pour obtenir un titre de séjour. Et c'est là qu'ils rencontrent d'énormes obstacles.

Les menaces d'expulsion à l'encontre de jeunes scolarisés sans papiers ne sont pas chose nouvelle. Mais la situation s'est tout de même aggravée depuis la loi Sarkozy de novembre 2003, qui a rendu leur régularisation plus difficile. En effet depuis cette loi ils doivent, entre autres, attester de trois ans de prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance (autrement dit ils doivent être arrivés en France avant leurs quinze ans). Par ailleurs, les dernières déclarations de De Villepin sur la lutte contre l'immigration «illégale» laissent craindre de nouvelles restrictions dans l'attribution des cartes de séjour.

Certains de ces jeunes scolarisés trouvent heureusement une aide auprès, notamment, de leurs enseignants qui sont souvent les seules personnes à qui ils peuvent s'adresser sans crainte. Parfois ce sont les enseignants eux-mêmes qui donnent l'alerte, comme dans le cas de cet élève du lycée professionnel Turquetil, à Paris, arrêté le 5 mai et détenu au centre de rétention de Vincennes. Les enseignants comme les élèves, qui n'ont appris que dix jours plus tard ce qui lui était arrivé, ont réagi en organisant pétitions et délégation à la Préfecture de police, obtenant ainsi finalement sa libération.

Dans les lycées du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis, dans le Nord ou la région de Rouen, la mobilisation a permis d'obtenir des régularisations. Parfois les jeunes n'obtiennent que des titres de séjour étudiant, à défaut de titre de séjour de cinq ou dix ans. C'est déjà un premier pas, mais ces jeunes ne pourront prétendre chercher un emploi à la fin de leurs études, à moins qu'un employeur ne s'engage par écrit à les embaucher. En outre, depuis quelque temps les préfectures n'accordent aux élèves sans papiers menacés d'expulsion que des APS (autorisation provisoire de séjour) d'une durée de quelques mois, n'allant au mieux que jusqu'à la fin de l'année scolaire. Et il est à craindre que le gouvernement profite des vacances pour les expulser ensuite en toute tranquillité

Ce serait pourtant la moindre des choses que le gouvernement de ce pays qui prétend être une «terre d'accueil» régularise tous ces jeunes qui vivent en France depuis des années et qui se retrouvent brusquement sans papiers, menacés d'expulsion du fait de lois absurdes et iniques.

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