Salaires hommes-femmes : Une inégalité sociale12/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1919.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires hommes-femmes : Une inégalité sociale

Nicole Ameline, la ministre de la Parité et de l'Égalité professionnelle, a déposé un projet de loi qui vise -rien que cela- à supprimer les inégalités de salaires entre hommes et femmes en cinq ans, d'ici 2010! Et, campagne pour le "oui" au référendum oblige, elle présentera son texte devant ses 24 homologues européens invités pour l'occasion.

En 2005, les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes. C'est le cas en France, mais aussi dans toute l'Union européenne. En France, alors qu'elles représentent 46% de la population active, elles sont payées, d'après les statistiques de l'Insee, environ 25% de moins que les hommes (en Europe environ moins 27%). À travail égal, c'est donc un salaire très inégal, malgré toutes les lois votées depuis près de trente ans.

En 1972, c'était la loi sur le principe de l'égalité salariale. En 1983 c'était la loi Roudy, du nom de la ministre socialiste qui voulait interdire toute discrimination salariale et obliger les entreprises à un bilan annuel comparatif des salaires féminins et masculins... ce qui ne fut pas fait. En 2001 -dans le domaine de l'égalité hommes-femmes, tout va toujours très vite- une autre socialiste, Catherine Génisson, fit voter une loi qui menaçait d'un an de prison et de 3 750 euros d'amende tout chef d'entreprise ne respectant pas la loi Roudy. Là encore, l'échec fut presque total puisque, selon une enquête de l'Ifop, 72% des entreprises n'en ont eu que faire!

Nicole Ameline dit proposer un "texte moderne... produit du dialogue social et qui renvoie totalement à la négociation au sein de l'entreprise. Ce n'est pas un système de défiance mais de confiance". Dans trois ans, une conférence nationale ferait le bilan et, si les résultats ne sont pas satisfaisants, une taxe sur la masse salariale serait instaurée... Bref, la ministre nous présente un projet de loi qui dépasse à peine le stade des bonnes intentions et qui ne pose aucun des vrais problèmes des conditions de travail des femmes.

Car si Nicole Ameline parle de combattre l'inégalité salariale, elle fait l'impasse sur une des causes principales de ces écarts de salaire: le travail à temps partiel généralement imposé. Sur les quatre millions de personnes travaillant à temps partiel, plus de 80% sont des femmes, ces emplois représentant 30% environ des emplois féminins, contre 5% seulement de ceux tenus par les hommes. Les femmes, et en particulier celles de la classe ouvrière, subissent l'inégalité des salaires, les emplois précaires, mais aussi le chômage plus important qui les contraint à accepter de telles conditions; sans parler de la double journée de travail que représentent les tâches ménagères et souvent les soins des enfants.

Selon toute probabilité, la loi gadget de Nicole Ameline ne changera rien, tout comme les précédentes. Le combat pour l'égalité des droits entre hommes et femmes reste encore en grande partie à mener, sans compter pour cela sur les initiatives d'un ou d'une quelconque ministre. Comme l'écrivait au début du 19e siècle Fourier, un précurseur du socialisme, l'émancipation d'une société se mesure au degré d'émancipation des femmes.

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