Pacte de stabilité européen : Chirac et Schröder contre les critères de Maastricht ?09/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1910.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pacte de stabilité européen : Chirac et Schröder contre les critères de Maastricht ?

Réunis lundi 7 et mardi 8 mars à Bruxelles, les ministres des Finances européens étaient chargés par leur gouvernement respectif de chercher un compromis pour réviser le «Pacte de stabilité» qui lie la politique budgétaire de tous les pays de la zone euro depuis quelques années. Ils ont fait chou blanc et se sont séparés sans nouvel accord.

En effet, les gouvernements français et allemand réclamaient un assouplissement de cet accord, que la plupart des autres pays participant à ce pacte refusent... pour l'instant.

Le traité de Masstricht, signé en 1992, avait précisé les «critères de convergence des politiques économiques» de différents pays européens, c'est-à-dire les règles acceptées par tous les gouvernements pour la création d'une monnaie commune, l'euro. Les dépenses publiques devaient être contenues, chaque gouvernement devait rester vertueux au niveau de l'équilibre budgétaire. Ces critères de convergence précisaient que le déficit annuel de chacun des pays participant à l'euro ne devait jamais dépasser 3% du PIB (Produit intérieur brut), et la dette publique, 60% de ce même PIB.

En juin 1997, le «Pacte de stabilité» signé à Amsterdam avait formalisé ces «critères de convergence», en instituant des contrôles sur le budget des États européens, et même des sanctions vis-à-vis des pays qui ne respecteraient pas ces règles communes.

À l'époque, c'est l'Allemagne, soutenue par la France, qui avait été à la pointe du «combat» pour le respect de ces critères, pointant du doigt les «mauvais» pays, exigeant des candidats à l'entrée de la zone euro, coupes budgétaires et augmentation de la pression fiscale.

Mais désormais, les mauvais élèves de la classe euro ne sont plus les mêmes. Depuis plusieurs années, l'Allemagne et la France ont systématiquement un déficit annuel dépassant les 3% du PIB. L'Italie, elle aussi, est dans le collimateur, car sa dette publique atteint l'équivalent de son PIB. Ce sont donc les poids lourds de la zone euro qui ne respectent même pas leur propre signature, et qui cherchent à échapper aux sanctions qu'ils avaient eux mêmes instituées.

Et ne craignant ni la contradiction ni le ridicule, Jacques Chirac et le président allemand Gerhard Schröder exigent désormais... que les règles qu'ils ont allègrement transgressées soient modifiées. Lors de la conférence de presse commune, Chirac a stigmatisé les «règles parfois trop strictes» du pacte de stabilité qu'«il est indispensable d'améliorer, d'assouplir, d'adapter», en dénonçant sa «brutalité technocratique».

Voilà donc un bon exemple du mode de fonctionnement de l'Europe, tel que le veulent les dirigeants des principales puissances européennes: exiger des autres des règles contraignantes, tolérer la transgression des règles communes pour soi-même, et imposer la loi du plus fort pour leur modification

Une fois de plus, les critères de Maastricht et de Bruxelles ressemblent beaucoup aux critères... de Bercy et du siège du ministère allemand des finances.

Partager