Privatisations : Raffarin rattrapera-t-il Jospin ?18/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Privatisations : Raffarin rattrapera-t-il Jospin ?

Début novembre, le gouvernement a introduit en Bourse la société publique des autoroutes Paris-Rhin-Rhône. Elle est la troisième en Europe, avec un chiffre d'affaires de près d'un milliard et demi d'euros, et un réseau de 2205 km quasiment achevé... grâce au financement de l'État.

Quelques jours plus tard, celui-ci annonçait la prochaine mise en vente de plus du tiers du capital d'Areva. Résultat de la fusion en 2001 de la Cogema et de Framatome, sociétés publiques spécialisées dans le nucléaire civil, Areva est devenu le numéro un mondial de ce secteur et le numéro trois mondial de la transmission et distribution d'électricité. Présent dans une quarantaine de pays, il annonce (sur les neuf premiers mois de cette année) un chiffre d'affaires de 7,7 milliards d'euros, en progression de 31,6% sur un an!

Ces mois derniers, l'État avait vendu d'autres de ses participations dans la Snecma, à Thomson. À Air France, dont il ne possède plus que 44% du capital, il s'apprête à mettre en vente les deux tiers de sa participation. Il va également vendre au secteur privé une tranche du capital d'EDF...

Raffarin, on le constate, n'arrête pas de livrer aux appétits des "investisseurs" privés des entreprises contrôlées, en tout ou partie, par l'État. D'une part, il offre aux capitaux privés des secteurs économiques qui n'ont pu se mettre en place et se développer qu'avec des financements publics, et alors que l'État a assumé tous les risques et pris à sa charge toutes les dépenses pour les rendre rentables. Ensuite, il récolte ainsi des fonds frais, car il en a plus que besoin. Non pour réaliser des travaux ou investissements indispensables à la satisfaction des besoins du plus grand nombre, et d'abord dans les services publics de plus en plus laissés à l'abandon, mais pour les reverser au patronat sous une forme ou sous une autre. Car le robinet des subventions publiques, exonérations de charges et autres cadeaux lui est ouvert en permanence.

Au rythme soutenu où vont les privatisations sous Raffarin, elles ont atteint la coquette somme de 16 milliards d'euros. Pourtant, même ainsi, Raffarin reste encore loin derrière le record que détient son prédécesseur. Avec 30 milliards de privatisations, le gouvernement de Jospin avait fait mieux, si l'on ose dire, que Balladur et Juppé réunis. Mais les records, c'est fait pour tomber...

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