Philip Morris : Un écran de fumée qui tue18/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Philip Morris : Un écran de fumée qui tue

La revue médicale britannique The Lancet publie un article qui lève le voile sur la pratique du fabricant américain de cigarettes Philip Morris. Documents à l'appui, cet article montre que, contrairement à ce que l'entreprise affirmait, elle était informée depuis vingt ans des dommages sur la santé du tabagisme passif (le fait d'inhaler la fumée des autres fumeurs sans fumer soi-même). En effet, Philip Morris avait fait mener des expériences à la fin des années soixante, pour faire pièce aux accusations des opposants au tabac. Le vice-président de Philip Morris écrivait alors: "Il nous faut obtenir des faits et des données à nous, sur les systèmes biologiques, pour éviter d'être surpris par les informations" provenant de ceux qui menaient campagne pour dénoncer la nocivité du tabac. En conséquence, Philip Morris avait acheté un centre de recherche privé en Allemagne, dénommé Inbifo, tout en masquant les liens qui l'unissaient à ce centre.

Les expériences conduites en Allemagne mettaient clairement en évidence les effets extrêmement toxiques des expositions à la fumée du tabac. Du coup, les dirigeants de la firme décidèrent de les tenir secrètes. Les chercheurs d'Inbifo non seulement n'ont rien publié à ce sujet avant 1994 mais se sont attachés à faire paraître des articles autorisant l'industrie du tabac. Aujourd'hui, Philip Morris déclare que l'article du Lancet est "faux et hautement trompeur". Sauf que les faits publiés par la revue sont difficilement contestables. Et ce qui est choquant aussi, c'est qu'une entreprise puisse garder sous le coude les résultats de recherches mettant en évidence la nocivité de ses produits, sans que cela porte à conséquence.

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