Fronde des maires : Pour le maintien des services publics18/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fronde des maires : Pour le maintien des services publics

Samedi 13 novembre, 1500 personnes ont manifesté à Guéret, dans la Creuse, pour protester contre la disparition programmée des services publics dans les communes rurales. Des élus venus de Charente, du Puy-de-Dôme ou du Cher, départements touchés par le même problème, s'étaient joints à cette manifestation.

Déjà le mois dernier, 263 élus de la Creuse, dont 28 maires, avaient annoncé leur démission collective en signe de mécontentement, et le mouvement commence à s'étendre à d'autres départements.

Au congrès de l'Association des Maires de France, ouvert le 16 novembre, le problème de la survie des services publics en milieu rural et de leur financement est au coeur des débats. Pour tenter de contrer ce mécontentement, pas moins de douze ministres ou secrétaires d'État ont prévu d'aller y défendre la politique de décentralisation menée par le gouvernement. De même le président de La Poste, Bailly, va exposer devant les maires son projet de réforme de ce service -qui prévoit de supprimer les bureaux jugés non rentables et de les remplacer par des antennes installées chez des commerçants ou dans les mairies, à la charge de ces dernières.

Face à cette menace, 6000 Conseils municipaux ont adopté des conclusions de délibérations exigeant le maintien des services postaux dans leur commune. La suppression annoncée des bureaux de poste va aggraver l'isolement des villageois, qui doivent déjà faire des kilomètres pour récupérer leur courrier dans des boîtes installées au bord des routes, loin des hameaux, et qui ont encore plus de trajet pour toutes les opérations postales, de l'envoi d'un colis au paiement des pensions. Les personnes âgées, ou celles ne disposant pas de moyens de transport, vont voir leur vie rendue encore un peu plus difficile.

La dégradation du service public en milieu rural (et aussi dans les villes, même si c'est à un degré moindre) ne concerne pas uniquement La Poste. Tous les services pris en charge par l'État se réduisent d'année en année: fermeture d'écoles dans les villages, sous prétexte qu'il n'y aurait pas assez d'enfants; suppression de lignes de chemin de fer jugées non rentables (la SNCF vient d'annoncer qu'elle envisageait de fermer trois lignes de province, dont celle reliant Lyon à Bordeaux); fermeture de perceptions pour regrouper les services des impôts dans des villes plus importantes; même chose pour les services hospitaliers. Alors que chacun, à commencer par le gouvernement, ne cesse de déplorer la désertification des campagnes, toutes les mesures prises, visant à faire des économies en dégradant les services publics, l'accentuent encore plus.

À cela vient s'ajouter la décentralisation, présentée comme une panacée parce qu'elle donnerait plus de pouvoirs aux collectivités locales. Mais derrière la démagogie, on constate que les moyens financiers accordés par le pouvoir central sont loin d'être à la hauteur des dépenses supplémentaires imposées aux communes, ce qui alimente la fronde des maires: ils ne sont plus que 35% (contre 61% l'an dernier) à juger favorablement la législation concernant la décentralisation.

Maintenir une vie dans les communes rurales ne peut se faire en cherchant la "rentabilité" des services publics, bien au contraire. Il faudrait que l'État, au lieu de se désengager, donne des moyens financiers accrus aux communes afin qu'elles puissent conserver les services indispensables à la population.

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