Amor-confection - Châtellerault (Vienne) : Les patrons sèment la désolation !18/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amor-confection - Châtellerault (Vienne) : Les patrons sèment la désolation !

Au retour du week-end de la Toussaint, les 160 salariés de la confection Amor ont appris par la presse que leur entreprise avait été mise en liquidation et qu'ils allaient se retrouver au chômage dans les toutes prochaines semaines.

Ces licenciements s'ajoutent aux 140 annoncés chez France Champignon, autre entreprise de la zone industrielle nord de Châtellerault. Des familles ouvrières auront certains des leurs licenciés simultanément dans l'une et l'autre de ces entreprises, où des femmes travaillent parfois depuis plus de vingt ans.

Amor, qui avait en 1986 pris le relais de la confection Beaulu, est spécialisé dans la création et la fabrication de prêt-à-porter haut de gamme sous la griffe "Plein sud". Outre l'usine de Châtellerault, elle compte cinq autres établissements dans la Vienne, le Cher, l'Indre et les Deux-Sèvres, pour un effectif total de 300 salariés.

Aujourd'hui, les patrons disent qu'ils sont obligés de jeter l'éponge, pris à la gorge par "la dégradation de la conjoncture internationale depuis les événements de septembre 2001 aux États-Unis, la concurrence italienne et celle des entreprises installées dans les pays émergents".

Aux dires des ouvrières, et vu l'état de vétusté des machines, ce ne sont en tout cas pas les investissements qui ont ruiné les patrons! Des patrons qui ont tout de même terminé la dernière collection, avant de céder la place au liquidateur judiciaire.

Ils prétendent que les salaires de misère payés aux ouvrières sont encore trop élevés pour que l'entreprise s'en sorte. Mais où sont passées les fortunes accumulées par la vente de ces vêtements de luxe dans les boutiques chic de Paris, Milan ou New York? Quel est l'état des comptes en banque personnels des propriétaires actuels et passés? Autant de questions dont il faudrait avoir la réponse.

Autant de questions que ni les représentants de l'État, ni le maire PS de Châtellerault, ni le vice-président PCF du Conseil régional ne posent aux patrons. La sous-préfète s'est bornée à souhaiter que la liquidation se déroule "au mieux des intérêts des salariés". Le maire s'est félicité d'avoir contribué à mettre en place une plate-forme de reclassement dont chacun sait qu'elle n'est que l'antichambre de l'ANPE. Quant au conseiller régional, il n'a rien trouvé de mieux que de proposer aux licenciés d'organiser un rendez-vous avec le Premier ministre. Un Premier ministre qui, a expliqué l'élu du PCF dans une lettre aux licenciés d'Amor, "a les moyens de mobiliser les banques pour trouver des solutions individuelles acceptables et chercher des solutions industrielles".

Soutenues par l'Union locale CGT, les ouvrières d'Amor se sont rassemblées mercredi 10 novembre dans l'usine et elles ont décidé d'envahir les locaux où se tenait le Comité d'entreprise. Elles ont alors pu dire ce qu'elles avaient sur le coeur, dénoncer l'argent public dilapidé, des salaires pas supérieurs au smic après dix ou quinze ans d'ancienneté, dire leur écoeurement et leur révolte d'être ainsi jetées à la rue.

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