Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent : Les conditions d'exploitation à Faurecia (Flers-Orne)

Fin septembre, l'entreprise Faurecia faisait une journée portes ouvertes dans son site de la Butte-aux-Loups, à Flers dans l'Orne (avec 2000 travailleurs, elle est la première entreprise de la ville). Elle a eu droit à des articles triomphants dans la presse locale, qui étalaient ses résultats financiers et ses succès de l'année 2003.

Tout cela m'a bien touchée car pour moi, l'année 2003 à Faurecia, c'est surtout le suicide de mon mari, le 12 avril 2003, sur ce même site de la Butte-aux-Loups.

Entré en 1988 à Faurecia, agent de production puis outilleur, il était depuis octobre 2001 responsable de l'équipe du week-end sur ce site, et avait vu ses responsabilités étendues au site voisin de la Blanchardière en janvier 2003. C'est avec cette charge de travail accrue qu'il avait commencé à aller mal.

Ces équipes du week-end étaient réduites, de quelques personnes à peut-être une vingtaine pour les deux, avec des effectifs variant dans une belle pagaille, car la direction fait défiler les intérimaires.

En plus, ces équipes étaient livrées à elles-mêmes, les ouvriers "promus" à les diriger étaient mis en tampon au milieu de toutes les pressions. Les horaires, eux, n'étaient pas réduits: un total de 24 heures à faire en moins de deux jours. Une semaine c'était 5 h-13 h le samedi, puis 21 h-5 h la nuit du samedi au dimanche, et enfin 13 h-21 h le dimanche. L'autre semaine c'était 13h-21h, 5h-13h, 21h-5h.

Mais mon mari était fréquemment rappelé sur ses plages de "repos " quand il y avait des problèmes, puisque sur l'autre équipe du week-end il n'y avait pas de responsable. En plus, il avait des réunions d'organisation sur la fin de semaine, qui comptaient en heures supplémentaires. Dans les derniers mois, on lui proposait de passer officiellement agent de maîtrise, mais alors ces heures n'auraient plus été payées et il aurait eu une baisse de revenus.

À Flers, la pression au rendement est permanente et mon mari n'était pas le seul à être devenu dépressif. Pourtant la direction n'a jamais reconnu une quelconque responsabilité dans son état. Elle en a même fait un sujet tabou à l'époque, insinuant que mon mari devait avoir des problèmes par ailleurs, ce qui est faux.

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