Magasin Carrefour-Le Merlan - Marseille : Procédure expéditive contre un syndicaliste21/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1890.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Magasin Carrefour-Le Merlan - Marseille : Procédure expéditive contre un syndicaliste

Mohammed Bedehouche, délégué syndical CGT au magasin Carrefour-Le Merlan à Marseille, est en prison depuis le 13 octobre pour avoir enquêté sur un licenciement contestable. Les salariés du magasin essayent d'obtenir sa libération.

La direction du magasin, pour licencier un jeune employé, l'a accusé du vol d'une boîte de surgelés, se basant sur le témoignage d'un vigile qui dans un premier temps l'avait disculpé, pour l'accuser ensuite.

Mohammed Bedehouche, militant syndical du magasin, soupçonnait la direction d'avoir menacé le vigile de licenciement pour obtenir ce témoignage contre le jeune. Accompagné du père du jeune il a abordé le vigile sur le parking du magasin et lui a dit: "Dis la vérité, dis la vérité" . C'est ce qui a été qualifié par la direction de "tentative d'intimidation".

Le vigile, accompagné de cadres du magasin, a porté plainte contre le délégué et la direction s'est portée partie civile.

Convoqués lundi 11 octobre au commissariat central, le père du jeune et Mohammed Bedehouche étaient d'urgence placés en garde à vue, passaient le lendemain en comparution immédiate et étaient dans la foulée condamnés pour "subornation de témoin" , le syndicaliste à six mois de prison dont quinze jours ferme, le père à six mois dont un ferme et chacun d'eux à verser 2000 euros. Ils étaient, "sous mandat de dépôt à la barre", aussitôt incarcérés à la prison des Baumettes, comme de dangereux criminels, alors que le syndicaliste avait simplement voulu faire son travail de délégué en enquêtant sur une procédure de licenciement discutable!

La réaction des salariés face à ce jugement scandaleux a été immédiate: le jeudi 14 octobre les salariés de Carrefour-Le Merlan étaient en grève à 80%, à l'appel des syndicats CGT, FO, CFDT et CFTC. Depuis, une partie d'entre eux, aidés par des militants de la CGT, bloquent l'approvisionnement du magasin.

Quant à la justice, elle a manifestement considéré qu'il y avait extrême urgence à protéger les magasins Carrefour contre le délégué syndical et le père du jeune homme.

Lundi 18 octobre, 200 à 300 personnes, de nombreux employés du magasin, des militants syndicaux et politiques, manifestaient devant le Palais de Justice de Marseille pour interpeller Dominique Perben, Garde des Sceaux, qui était venu présenter son plan de "sécurisation des palais de Justice". Celui-ci refusait de recevoir une délégation car, disait-il, "le Garde des Sceaux n'a pas à intervenir dans une affaire en cours".

Les salariés sont d'autant plus choqués que Mohammed Bedehouche est un délégué très apprécié. Tous pensent que le directeur du magasin, muté depuis peu de Perpignan suite à une autre affaire, veut utiliser cette condamnation pour se débarrasser d'un syndicaliste combatif.

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