Italie : Le chantage permanent des dirigeants de FIAT21/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1890.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Le chantage permanent des dirigeants de FIAT

Au début octobre, on apprenait que le groupe Fiat venait de décider la mise au chômage, pour deux ans, de 405 travailleurs du secteur mécanique de son usine de Turin.

En quelques années, l'énorme usine Fiat de Turin-Mirafiori a perdu des milliers de travailleurs. Le secteur de mécanique a été "externalisé", ses ouvriers devenant employés non plus de Fiat mais de Powertrain, une filiale commune de Fiat et de General Motors créée dans le cadre de l'association du producteur italien avec la firme américaine. Puis les travailleurs de Powertrain ont été de plus en plus souvent mis au chômage. Finalement, la décision de transférer en Argentine la production du moteur "Torque" a débouché sur la mise au chômage de ces 405 travailleurs supplémentaires.

Ceux-ci sont en "cassa integrazione", c'est-à-dire qu'ils touchent une indemnisation mensuelle allant de 600 à un maximum de moins de 800 euros. Mais parallèlement la direction engageait la procédure pour les mettre en "mobilité", c'est-à-dire en fait pour les licencier définitivement.

Au total, le secteur de mécanique devenu "Powertrain" est ainsi passé en quatre ans de 4000 travailleurs à environ 1800, dont au moins 600 sont actuellement en "cassa integrazione". Sur l'ensemble de l'usine de Mirafiori, en trois ans, 7300 travailleurs ont été licenciés et 6500 sont partis volontairement. Au total, y compris les bureaux, Mirafiori n'emploie aujourd'hui guère plus de 10000 personnes, subissant elles-mêmes souvent des périodes de chômage, contre plusieurs dizaines de milliers il y a quelques années.

Alors que les travailleurs craignent de plus en plus une fermeture totale, la direction de Fiat répond ineffablement qu'il n'en est pas question. Et, tout en faisant partir les productions de Mirafiori les unes après les autres, elle déclare que les ouvriers de Turin doivent aligner leurs "coûts" sur ceux du sud de l'Italie, voire sur ceux de Pologne ou de Hongrie, et accepter une flexibilité accrue.

Malheureusement, les principales organisations syndicales, CGIL-CISL-UIL, ne lui répondent qu'en l'implorant d'accorder la fabrication, à Mirafiori, d'un nouveau moteur, d'une nouvelle boîte de vitesse, et d' "au moins une nouvelle voiture", et en demandant l'aide des pouvoirs publics au développement de la technologie Fiat. Et de s'inquiéter de "l'économie turinoise", au lieu d'exiger, en premier lieu, que la Fiat-Powertrain garantisse aux travailleurs au chômage le maintien intégral de leur salaire.

Pourtant, les travailleurs de Fiat ont montré leur combativité ces derniers mois, notamment dans les usines du Sud, et cela aurait pu être le point de départ d'une lutte commune pour imposer des conditions égales et des garanties de salaire et d'emploi, du sud au nord de la péninsule. Face à des patrons qui pratiquent un chantage permanent pour imposer des reculs successifs, c'est une lutte d'ensemble qui pourrait permettre aux travailleurs, au contraire, d'imposer leurs conditions.

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